En 2009, lorsque l’artiste Ernest Pignon-Ernest a collé sur les murs de Ramallah, en Cisjordanie, les images de son ami poète disparu MAHMOUD DARWICH , il raconte que son geste a suscité des réactions d’enthousiasme, y compris auprès de la population la plus pauvre et la moins cultivée. 

   Il y a 15 ans, nous avons eu le bonheur -une ou deux  centaines d’auteurs , éditeurs et libraires-  d’être invités à une lecture de Mahmoud Darwich au théâtre antique d’Arles, pour fêter les 30 ans des éditions Actes Sud.

   Je me souviens, comme si c’était hier, des frères Joubran qui accompagnaient Mahmoud Darwich à l’oud, je me souviens de Didier Sandre qui récitait ses poèmes en français et je me souviens surtout de la voix profonde et vibrante de Mahmoud Darwich, du silence religieux d’une assistance saisie par la puissance de cette parole dont nous saisissions l’intensité à défaut d’en comprendre le sens.

   Et je me souviens, qu’à la fin du récital, sous les applaudissements de l’assistance debout, Mahmoud Darwich a levé le bras dans un dernier salut, se retournant vers nous, en s’éloignant vers le fond de la scène. Nous ne savions pas à cet instant que ce geste était un signe d’adieu.

   Quand Actes Sud nous a envoyé un mois plus tard la photo immortalisant cet instant du mois de juillet 2008, Mahmoud Darwich venait de nous quitter, à l’âge de 66 ans, des suites d’une opération chirurgicale. Les Palestiniens lui feront à Ramallah des funérailles nationales.

   Farouk Mardam-Bey, son éditeur en France, était avec nous pour partager cette mémorable lecture… et nous aurons le privilège et le plaisir de l’accueillir à Vienne pour la 31e édition de «Lettres sur Cour» intitulée «Invitation à la littérature du monde Arabe. Plus rares sont les roses. »

   Ne manquez pas sa présence le samedi 1er juillet à 17h pour son hommage à Mahmoud Darwich qu’il présente ainsi: « Avant d’être palestinien et arabe, Mahmoud Darwich était tout simplement poète. Et c’est en affinant son art poétique, et non par des professions de foi patriotiques, qu’il a atteint son principal objectif: faire de la Palestine une métaphore universelle. Lecteur assidu de la poésie arabe classique, il a tenu par-dessus tout à s’enraciner dans ses rythmes et ses sonorités. Admirateur aussi des grands poètes européens et américains du XXème siècle, de Rilke à Neruda et de Saint-John Perse à Derek Walcott, il a cherché sa vie durant, à leur exemple, à explorer les cadences du monde moderne. Ce faisant, il a mêlé sa voix aux leurs tout en proposant sa propre définition de la poésie. 

   Mahmoud Darwich se disait “poète troyen”. Tout son œuvre peut être lu comme un vibrant témoignage pour les vaincus, ceux dont la version de l’histoire a été submergée par la clameur des vainqueurs. »

   Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar, son traducteur liront en français et en arabe des textes du grand poète palestinien qu’ils ont choisis.

   Ce même samedi 1er juillet à midi, juste avant le buffet littéraire oriental, Farouk Mardam-Bey nous mettra en appétit avec la lecture de recettes gourmandes du monde arabe qu’il a éditées.

   Le lendemain, dimanche 2 juillet à midi il lira les  poésies arabes qu’il a choisies dans la petite bibliothèque des éditions Sindbad qu’il dirige.

    Pendant ces trois journées de Lettres sur Cour qui se tiendront pour la première fois dans la cour de la MJC, vous pourrez entendre des musiciens du monde arabe, écouter des conteurs, des chanteurs et un slameur, voir une exposition de l’Institut du Monde Arabe retraçant les 50 ans des éditions Sindbad…

   Tout le programme est sur le site de Jazz à Vienne et les dépliants sont disponibles à la librairie Lucioles, partenaire actif de Lettres sur Cour depuis le début !

Nous aussi, nous aimons la vie.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Nous dansons entre deux martyrs et pour le lilas entre eux, nous dressons un minaret ou un palmier.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Au ver à soie, nous dérobons un fil pour édifier un ciel qui nous appartienne et enclore cette migration.

Et nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin sorte dans les rues comme une belle journée.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Là où nous élisons demeure, nous cultivons les plantes vivaces et récoltons les morts.

Dans la flûte, nous soufflons la couleur du plus lointain, sur le sable du défilé, nous dessinons les hennissements

Et nous écrivons nos noms, pierre par pierre. Toi l’éclair, éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

   J’avais consacré mon 34ème kaléidoscope à Mahmoud Darwich. Vous pouvez le retrouver sur ce blogue en tapant Darwich dans la case “Rechercher”.

   avec un autre très beau poème: Le cyprès s’est brisé.

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