J’ai toujours aimé les livres illustrés pour les enfants, peut-être parce que j’en ai été privé à une époque où on ne proposait des livres qu’à partir du moment où on savait lire. Et ce moment où un enfant se blottit contre vous pour qu’on lui lise un livre m’a toujours enchanté.

   Au moment de la mort du dessinateur japonais Mitsumasa Anno, il y a un peu plus de trois ans, j’ai consacré ma 138eme chronique ( à retrouver sur ce blogue grâce au moteur de recherche ci-dessous) , un livre qui a fait les beaux jours -ou plutôt les beaux soirs- de nos enfants et petits-enfants: «Ce jour-là», un livre sans texte, une machine à rêver qui nous entraîne dans un voyage dans le temps et l’espace.

   Il y a comme cela quelques livres inépuisables comme «La grosse bête de Monsieur Racine» de Tomi Ungerer, «La tempête»de Claude Ponti, «Petit Bleu et Petit Jaune» de Leo Lionni, «Porculus» d’Arnold Lobel ou «Chien bleu»de Nadja…liste non limitative et subjective.

   Mais c’est peut-être «Max et les Maximonstres »que j’ai le plus lu et relu. Cela n’a rien d’original tant ce livre est dans le monde entier et particulièrement aux États-Unis un livre-culte. La remarquable émission de France Culture «Sans oser le demander » lui a consacré son numéro du 29 mai à l’occasion des 60 ans de la parution du livre.

   Maurice Sendak, son créateur est né en 1928 dans une famille de juifs polonais installée à Brooklyn. À l’âge de 12 ans il décide de devenir illustrateur pour enfants.

C’est en 1963 que «Where the Wild Things Are», littéralement «Là où sont les choses sauvages»-titre plus étrange que «Max et les Maximonstres» dans la version française en 1967- paraît aux USA: l’accueil des adultes, en particulier de certains éducateurs et enseignants, effrayés par la force subversive du livre, est plus que réservé, voire hostile mais les enfants perçoivent d’emblée que l’auteur écrit ses livres du point de vue de l’enfant et parle de l’enfance depuis l’enfance.

   En 20 phrases, 20 dessins splendides , souvent en pleine page, voire double page, Maurice Sendak installe un univers: Max est un petit garçon -déguisé en loup- puni par sa mère qui le confine dans sa chambre et le prive de repas et … «ce soir là, une forêt poussa dans la chambre de Max»… et le lecteur entre dans la tête de Max qui au bout d’un long voyage va rencontrer des monstres… dont il va devenir le roi. 

   Les enfants ont immédiatement compris la portée subversive d’un livre en prise directe avec leur imaginaire: « L’imagination est pour l’enfant le moyen de transport gratuit dont il se sert pour pouvoir poursuivre son chemin à travers les problèmes quotidiens. C’est le pot d’échappement normal et salutaire pour les émotions corrosives, telles que la frustration, l’impuissance, l’ennui, la peur, la solitude et la rage.» déclare Maurice Sendak qui a dû adorer cette demande adressée par un petit garçon: «Combien ça coûte d’aller là-bas où se trouvent les choses sauvages ? Si ce n’est pas trop cher, ma sœur et moi, nous aimerions y passer l’été prochain.»

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