“Debout les femmes”, (voir K165) le documentaire de Gilles Perret et François Ruffin sera programmé à Vienne au cinéma l’Amphi ( à l’initiative de Cinéclap et avec le soutien d’ATTAC VPR) du 12 au 18 janvier. 

   Le jeudi 13 janvier soirée-débat à 20h en compagnie d’auxiliaires de vie. 

 Le film a le mérite de dépasser les clivages politiques et de mettre en lumière ces êtres humains trop souvent invisibles, ces femmes qui s’occupent de nos enfants, de nos malades, des personnes âgées, aux temps partiels contraints, aux horaires éclatés, pour des salaires de misère.  

 “Il faudra se rappeler que notre pays tout entier repose aujourd’hui sur ces femmes et ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal.” Non, ce n’est pas François Ruffin qui s’exprime ainsi mais Emmanuel Macron. Et “en même temps” c’est cette “grande loi-autonomie” annoncée 5 fois, repoussée 5 fois.. et désormais annulée jusqu’à la fin du quinquennat.
   Avant d’aller voir “Debout les femmes”, écoutez ( merci Éric pour l’envoi de ce lien!) les quatre minutes d’intervention de François Ruffin à l’Assemblée Nationale: son indignation est salutaire et nous montre que “Quand c’est pour les riches, on parle en milliards, quand c’est pour les pauvres, on parle en millions.”https://www.youtube.com/watch?v=4Qmzre4fu88

   Il ne vous reste que quelques jours pour voir l’exposition Vivian Maier au musée du Luxembourg.( voir K159: “Vivian Maier photographe révélée au Musée du Luxembourg”)   À défaut, vous pouvez revoir le documentaire de John Maloof et Charlie Siskel diffusé cette semaine sur France 4: “À la recherche de Vivian Maier”. 

 Ou “Vivian Maier, de l’ombre à la lumière” sur Arte grâce à ce lien:
https://www.arte.tv/fr/videos/105672-000-A/vivian-maier-de-l-ombre-a-la-lumiere/


   Il s’en est fallu de peu qu’on ignore à tout jamais l’œuvre de cette femme taciturne et solitaire qui a été pendant plus de quarante ans gouvernante ou bonne à tout faire … et qui n’a jamais cessé de prendre des photos. Et quelles photos ! Ce n’est qu’en 2007, à l’occasion d’une vente aux enchères qu’un agent immobilier tombe par hasard sur près de  140 000 négatifs de Viviane Maier dont la plupart n’avaient jamais été développés. Des photos prises à New York en 1951 et à Chicago à partir de 1956 et quasiment jusqu’à sa mort dans le plus total anonymat en 2009.


   Il y a maintenant près de trois ans ( voir K43: Vivian Maier. Une femme en contre-jour) Gaëlle Josse lui avait consacré un très beau livre “Une femme en contre-jour” (disponible depuis en poche) qui tentait de percer le mystère d’une femme qui passera sa vie à s’effacer, à se dissoudre presque: “Son travail se focalise sur les visages, le portrait, et sur les exclus, les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe.(…) Vivian est prête à capter l’insaisissable. L’éphémère. Saisir la lumièredes choses avant qu’elle ne s’efface, selon le mot du poète Bashō, le maître du haïku.”
Une femme en contre-jour est dédié à ceux qui ne “sont” rien. Ces gens de peu qu’a si bien décrit Pierre Sansot. Et nous sommes reconnaissants à Gaëlle Josse de nous révéler cette grande artiste méconnue, cet esprit libre. Sans négliger sa part d’ombre. La romancière s’est penchée ” au-dessus du gouffre d’une vie.” Elle a tenté de ” déchiffrer un destin dans ses contre-jours, dans ses détours, dans ses possibles et ses points de suspension.” 

 “Chez Vivian Maier,  écrit Gaëlle Josse, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre. Et aucune tendre nostalgie à la Doisneau, avec ses gamins rêveurs sur les bancs d’école. Nous sommes dans un réel saisi de face, de front, sans embellissement aucun.”   Et pourtant Vivian Maier n’a jamais appris. Comment s’y prend-elle pour avoir ce sens absolu du cadrage? Ce sens de la mise en scène, et presque de la chorégraphie de la rue? Où a-t-elle appris cet art de l’autoportrait décalé: son ombre sur un frigo, son reflet dans une vitrine ou dans un miroir?
   Les photos de Vivian  Maier entrent en résonance avec ces mots de Georges Perec dans “L’infra-ordinaire”:
“Ce qui se passe chaque jour
et qui revient chaque jour,
l’évident, le commun,
l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte,
comment l’interroger,
Comment le décrire?”


   Pour terminer, je nous souhaite une bonne année 2022 avec davantage de poésie dans nos vies et dans le regard que nous portons sur le monde… en espérant que ce qui nous unit soit plus fort que ce qui nous divise.

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