Lorsque j’ai entrepris, en mai 2018, au moment où mon mal de dos me contraignait à une relative immobilité, d’envoyer chaque semaine cette petite bouteille à la mer, je ne m’attendais pas, sept année et des centaines de pages d’écriture plus tard, à poursuivre mes envois «hebdromadaires » ( comme disait Prévert!)
Au cours de ces sept années le monde a bien changé : notre trajectoire n’était pas la plus propice à l’avenir de la planète, mais nous n’avions imaginé ni la pandémie -dont nous avons cru que nous serions capables de tirer des enseignements- ni les guerres sur le continent européen, en Palestine, au Soudan… et peut-être bientôt en Inde et au Pakistan, ni la révolte des gilets jaunes, ni le « chamboule tout » provoquée par Trump, ni la montée inexorable de l’intolérance et de l’extrême-droite dans le monde.
L’idée de départ de ce kaléidoscope était d’aborder, chaque semaine, des sujets très différents, de proposer des fragments de réflexion, d’essayer de penser dans tous les sens, de regarder parfois le monde par le petit bout de la lorgnette, de s’émerveiller du chant d’un oiseau, de la beauté d’une fleur ou d’un arbre, et donner raison à Rosa Luxembourg qui nous invite à nous émerveiller du monde tout en s’en inquiétant: « il faut travailler et faire ce que l’on peut, et pour le reste, tout prendre avec légèreté et bonne humeur. On ne se rend pas la vie meilleure en étant amer. »
Grâce au blogue que notre fils Quentin m’a offert pour mes 70 ans, il y a un peu plus de quatre ans, j’ai pu repérer les mots qui reviennent le plus souvent : sans grande surprise, le mot Livre revient 191 fois et le mot Librairie 89 fois, littérature, poésie, photographie, culture, écrivain… plus de 50 fois. Tout comme les mots oiseau, nature, fleur ou arbre. Inégalités, injustice, misère ou esclavage reviennent près de trente fois. Mais je me console en constatant que beauté et amour sont beaucoup plus présents.
Mon premier kaléidoscope était consacré à un documentaire en quatre parties Les routes de l’esclavage couvrant 1200 ans d’histoire. L’une de ses réalisatrices, Fanny Glissant est la productrice d’un nouveau film Aux origines, l’esclavage qui sera diffusé en première partie de soirée -c’est tout de même plus joli que en prime time!- ce mardi 13 mai. « on a choisi de proposer à des personnalités publiques de réaliser une enquête généalogique sur leurs aïeux » raconte la réalisatrice Sonia Dauger. C’est ainsi que JoeyStar, le chanteur Kalash, la soprano Marie-Laure Garnier vont découvrir avec étonnement et émotion leurs origines. Le documentaire nous rappelle qu’entre le XVIIe et le XIXe siècle, la France a réduit en esclavage 4 millions de personnes. Un passé difficile à affronter.
Un immense merci à tous ceux qui, au fil des années, ont enrichi mes kaléidoscopes de leurs commentaires et à ceux qui en ont pris les clés pour un numéro.
J’ai tenté, au cours de ces années, d’aborder sérieusement des sujets variés et divers… en essayant de ne pas trop me prendre au sérieux. En témoigne ma première citation dans mon premier kaléidoscope: « Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes. » ( signé les Shadoks )
En voici un florilège en guise de conclusion, frappées ( à tous les sens du terme mais pas trop fort) au coin du bon sens:
Quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu’il ait les fesses propres.
Ne vous battez pas avec un cochon : vous finirez tous les deux dans la boue et lui, il aime ça.
Si vous considérez l’aventure comme périlleuse, essayez la routine, c’est mortel !
Ne nous prenons pas au sérieux : il n’y aura aucun survivant.
Alphonse Allais
Quand mes amis sont borgnes, je les regarde de profil. Joseph Joubert
Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement.
Francis Blanche
Si l’homme descend du singe, il peut aussi y remonter.
Buster Keaton
À force de péter trop haut le cul prendra place du cerveau.
Julos Beaucarne
Qui, du cheval blanc ou du cheval noir est arrivé le premier dans le zèbre ?
Éric Chevillard
J’adore parler de rien, c’est le seul domaine où j’ai de vagues connaissances.
Oscar Wilde
Et une dernière…pour la route, du regretté Jacques A. Bertrand, en attendant de découvrir le florilège des citations que vous ne manquerez pas de m’envoyer… et que vous pouvez aussi déposer sur ce blogue.
On ne se prépare jamais suffisamment à l’amour, mais on se prépare longuement, consciencieusement à l’Himalaya. C’est que, à la différence de l’amour, l’Himalaya, on prévoit d’en redescendre.
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