Le nouveau film de Gilles Perret est sur les écrans ( au moins 180, il doit y en avoir un près de chez vous !) après un marathon d’avant-premières présentées par le réalisateur et Marion Richoux, sa compagne, qui a écrit le film avec lui. Ce sont donc déjà 10 000 personnes qui ont vu ce très beau film qui décrit cinquante ans de  la vie d’une ferme de Haute-Savoie, la ferme des voisins du cinéaste à qui il avait consacré son premier film en 1997 à l’âge de 29 ans: « Trois frères pour une vie » raconte le passage de flambeau des trois frères célibataires à leur neveu Patrick et à sa femme Hélène.

   Entre-temps Gilles Perret a réalisé de nombreux films parmi lesquels en 2009 Walter qui raconte la vie d’un autre voisin, maquisard du plateau des Glières déporté à Dachau. Quatre ans plus tard Les jours heureux mettra en lumière le programme  social du Conseil national de la Résistance(CNR) que le patronat n’a cessé de vouloir détricoter.

   En 2021, Gilles Perret réalise avec François Ruffin un des films dont il est le plus fier « parce qu’il a eu un vrai impact politique »: Debout les femmes donne une émouvante et belle reconnaissance à ces femmes qui exercent dans des conditions précaires ces indispensables métiers du lien, si souvent ignorés ou méprisés.

   La volonté de Gilles Perret de rendre leur histoire aux « gens de peu » -chers à Pierre Sansot- est la clé de voûte de son émouvant dernier film  La ferme des Bertrand qui aborde les enjeux et les défis de l’agriculture du XXIe siècle. Et le film commence par l’arrivée des robots de traite, qui met en lumière la nécessité vitale pour les paysans  de suivre l’évolution technique.

   Mais, en même temps, la volonté des trois frères et de ceux qui leur ont succédé, de respecter la terre qui les nourrit est bien mise en valeur par le documentaire . « On est pas là pour y abîmer » dit l’un d’eux avec son accent savoyard tandis que, comme en écho, un autre paysan déclare que laisser une nature en état est une satisfaction. 

   Le film montre la dureté du métier et à quel point le célibat de nombreux agriculteurs n’est pas un vrai choix. Comme le dit André, le seul survivant des trois frères « je me voyais fonder une famille. J’aime terriblement la compagnie mais le boulot en a décidé autrement. » Et d’ajouter avec un certain fatalisme: « c’est une réussite économique mais c’est un échec sur le plan humain. »

   Le film est un bel hommage à des aventures humaines modestes, à ces petites choses du quotidien: la gnôle dans le café du matin, les vaches qu’il faut traire deux fois par jour, 365 jours par an. Hommage à cet amour du travail bien fait.

J’ai aimé revoir, moi qui ai vécu toute mon enfance dans la ferme familiale, les folles et joyeuses  gambades et ruades des vaches qui sortent de leur enclos pour la première fois à la sortie de l’hiver.

Le film est aussi un hommage à la beauté de ces montagnes enneigées.

   Le destin d’un film se joue sur ses premiers jours d’exploitation, et je vous invite à aller le voir le plus vite possible … pour qu’il puisse être visible pendant plusieurs semaines.

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