Accueil

KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

  Kaléidoscope 308: La bannière étiolée.

                                 

   J’ai ressorti de ma bibliothèque le livre que le journaliste Pascal Dupont avait écrit en 1993. Sous-titré « Voyage sur les traces de Tocqueville » ( l’auteur en 1840 de « De la démocratie en Amérique ») La Bannière étiolée s’inquiétait « devant cette Amérique qui implose et se déchire ». Qu’écrirait-il trente deux ans plus tard?

   On assiste depuis plus d’un mois aux États-Unis à un moment de sidération: on ne voit pas la génération de ceux qui ont réussi il y a cinquante ans à arrêter la guerre du Vietnam ( c’est vrai qu’ils sont depuis longtemps à la retraite !) s’insurger contre un homme qui risque de nous plonger dans une troisième guerre mondiale.

   Même le monde du cinéma, à la cérémonie des Oscars, semble avoir été atteint par le syndrome de Voldemort, la personnage maléfique de la saga Harry Potter dont il est impossible de prononcer le nom. « Trump a-t-il déjà réussi à faire taire Hollywood ? » s’interrogeait cette semaine l’hebdomadaire « Les Inrockuptibles ».

    Robert De Niro n’a jamais caché son aversion pour Donald Trump dont il a dit qu’il était « un clown qui pourrait devenir un tyran ». On lui attribue les lignes qui suivent qu’Eugenio m’a transmises et je l’en remercie. J’ai cherché sur Internet sans avoir la preuve formelle que l’acteur de Taxi Driver en soit vraiment l’auteur. Mais je les ai trouvées intéressantes, en particulier dans leur volonté de comprendre les électeurs de Trump et de leur dire qu’ils se trompent de colère.

  « J’ai passé beaucoup de temps à étudier les mauvais hommes. J’ai examiné leurs caractéristiques, leurs manières, la banalité absolue de leur cruauté. Pourtant, il y a quelque chose de différent chez Donald Trump.
  Quand je le regarde, je ne vois pas un homme mauvais. Vraiment.
  Je vois le mal incarné.
  Au fil des ans, j’ai rencontré des gangsters ici et là. Ce type essaie d’en être un, mais il n’y arrive pas. Il y a une chose que l’on appelle ” l’honneur parmi les voleurs “.
  Oui, même les criminels ont généralement le sens du bien et du mal. Qu’ils fassent ou non ce qu’il faut, c’est une autre histoire, mais ils ont un code moral, même s’il est tordu.
  Ce n’est pas le cas de Donald Trump. C’est un prétendu dur à cuire sans morale ni éthique. Il n’a aucun sens du bien ou du mal. Il n’a de considération que pour lui-même – pas pour les gens qu’il est censé diriger et protéger, pas pour les gens avec qui il fait des affaires, pas pour les gens qui le suivent aveuglément et loyalement, pas même pour les gens qui se considèrent comme ses ” amis “.
  Il les méprise tous.
  Nous, New-Yorkais, avons appris à le connaître pendant les années où il a empoisonné l’atmosphère et jonché notre ville de monuments à l’effigie de son ego.  
  Nous savions de première main qu’il s’agissait de quelqu’un qui ne devrait jamais être considéré comme un dirigeant.
  Nous avons essayé d’avertir le monde en 2016.
  Les répercussions de sa présidence mouvementée ont divisé l’Amérique et secoué la ville de New York au-delà de toute imagination. Rappelez-vous comment nous avons été secoués par une crise au début de l’année 2020, alors qu’un virus balayait le monde. Nous avons vécu le comportement grandiloquent de Donald Trump tous les jours sur la scène nationale, et nous avons souffert en voyant nos voisins s’entasser dans des housses mortuaires.
  L’homme qui était censé protéger ce pays l’a mis en péril, à cause de son insouciance et de son impulsivité. C’était comme si un père violent dirigeait la famille par la peur et la violence. Telle est la conséquence du fait que l’avertissement de New York a été ignoré. La prochaine fois, nous savons que ce sera pire.
  Qu’on ne s’y trompe pas : Donald Trump, deux fois mis en accusation, quatre fois inculpé, reste un imbécile. Mais nous ne pouvons pas laisser nos concitoyens américains l’ignorer comme tel. Le mal prospère à l’ombre des moqueries dédaigneuses, c’est pourquoi nous devons prendre très au sérieux le danger que représente Donald Trump.
  C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui un nouvel avertissement. Depuis ce lieu où Abraham Lincoln s’est exprimé – ici même, dans le cœur battant de New York – au reste de l’Amérique :
  C’est notre dernière chance.
  La démocratie ne survivra pas au retour d’un aspirant dictateur.
  Et elle ne vaincra pas le mal si nous sommes divisés.
  Alors que faire ? Je sais que je prêche un convaincu. Ce que nous faisons aujourd’hui est précieux, mais nous devons faire d’aujourd’hui ce que nous ferons demain, c’est-à-dire sortir de ces murs.
  Nous devons tendre la main à la moitié de notre pays qui a ignoré les dangers de Trump et qui, pour une raison ou une autre, soutient son retour à la Maison Blanche. Ils ne sont pas stupides, et nous ne devons pas les condamner pour avoir fait un choix stupide. Notre avenir ne dépend pas seulement de nous. Il dépend d’eux.
  Tendons la main aux partisans de Trump avec respect.
  Ne parlons pas de ” démocratie “. La ” démocratie ” est peut-être notre Saint-Graal, mais pour d’autres, ce n’est qu’un mot, un concept, et en embrassant Trump, ils lui ont déjà tourné le dos.
  Parlons du bien et du mal. Parlons d’humanité.
  Parlons de bonté. De sécurité pour notre monde. De sécurité pour nos familles. De décence.
  Accueillons-les à nouveau.
  Nous ne les obtiendrons pas tous, mais nous pouvons en obtenir suffisamment pour mettre fin au cauchemar de Trump et remplir la mission de ce ” Sommet Stop Trump “. »


Commentaires

3 réponses à “  Kaléidoscope 308: La bannière étiolée.”

  1. Avatar de CANEVET Bernard
    CANEVET Bernard

    Michel,

    Cet article attribué à Robert de Niro est effectivement intéressant. Tu précises, très honnêtement, ne pas avoir retrouvé trace de ce texte et ainsi pu confirmer son origine. Cela m’a intrigué et poussé à effectuer quelques recherches. Je pense pouvoir retracer ici cette origine.

    D’abord ce texte a été posté tel quel récemment le 9 février dernier sur le blog « Les communistes de Pierre Bénite et leurs amis » sous couvert du site Overblog qui regroupe des blogs de toutes origines et tout contenu (lien ci-après) et sans autres commentaires (datation, source, …).
    https://fdgpierrebe.over-blog.com/2025/02/sommet-stop-trump.les-etats-unis-s-organisent-pour-resister-au-danger-trump.html

    Ensuite le texte original de Robert de Niro a été simplement lu (hors de sa présence donc) par Miles Taylor ( https://en.wikipedia.org/wiki/Miles_Taylor_(security_expert) ) au Stop Trump Summit du 11 octobre 2023 au Great Hall of Cooper Union de New-York (lien avec cette lecture par Miles Taylor ci-après). Il remonte donc à la période préélectorale ayant abouti à la 2ème élection de Trump, ce qui éclaire sa teneur.
    https://www.youtube.com/watch?v=ZVNsQDvruKs&list=PL4S1YFDv9yIJkHKFZt2NRlTinlLTq4jQk&index=15

    Amicalement.

    Bernard.

    1. Merci Bernard pour ta recherche fructueuse.
      Bien à toi
      Michel

  2. Avatar de Giuliani Eugenio
    Giuliani Eugenio

    On ne peut être que stupéfait du nationalisme ambiant et de l’émergence de propos fascistes mais ce qui m’interpelle, c’est le pourquoi de la réapparition de ces extrémismes ? N’est-ce pas la question que nous devrions tous nous poser. J’ai pour ma part quelques idées. Parmi celles-ci, l’appauvrissement des classes moyennes dans de nombreux pays capitalistes et l’affaiblissement des démocraties par une perte de confiance des populations pour leurs représentants. Les affaires de corruptions actuelles et passées y contribuant grandement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *