Lire des haïku invite à se rappeler tout ce qui fait le sel de la vie, à saisir l’éphémère, l’insaisissable,une émotion … La contemplation de la nature est souvent présente au cœur du haïku.
Je vous propose un petit florilège personnel.
Commençons par des haïku de Kobayashi Issa né en 1763 et qui fit graver sur sa tombe en 1827.
Ce sera donc cela
ma dernière demeure ?
cinq pieds de neige
Issa avait aussi écrit
Quand je serai mort
sois gardienne de ma tombe
sauterelle !
La vie d’Issa fut jalonnée de deuils dont on trouvera un écho dans un grand nombre de ses haïku.
Dans le vent d’automne
les fleurs rouges
qu’elle aimait cueillir
Sans toi en vérité
trop grands
sont les bosquets
Un monde de rosée
que ce monde de rosée
et pourtant, et pourtant
Mais Philippe Forest en exergue de Sarinagara, ce bouleversant roman de deuil propose deux autres traductions de ce haïku célèbre
monde de rosée
c’est un monde de rosée
et pourtant pourtant
je savais ce monde
éphémère comme rosée
et pourtant pourtant
Les haïku nous invitent à accepter l’impermanence. Tout, dans l’univers, naît, puis meurt .
Encore trois haïku d’Issa
Me retournant sur la plage
même les traces de mes pas
ont disparu
Mais l’humour n’est jamais loin
Montrez de la compassion
ils vous chieront dessus
les jeunes moineaux
Par un pet du cheval
balayée dans les airs
une luciole
Et pour terminer deux haïku contemporains
Moteur en marche
devant le magasin bio
le gros 4 x 4
André Carrel
Square du centre-ville
à la radio du clochard
les cours de la Bourse
Damien Gabriels
“Est-ce le haïku qui aide à vivre sa vie ou bien est-ce la vie qui aide à en écrire ?” S’interrogeait le poète Thierry Cazals. Laissons la question en suspens…
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