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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 239: Rediffusion de K60: Aphorismes de Lichtenberg.

La période estivale est propice aux rediffusions et ce samedi mon kaléidoscope jette un regard dans le rétroviseur :



    Il y a quatre ans, je vous parlais de Georg Christoph Lichtenberg l’auteur d’un recueil d’ Aphorismes dont le plus connu – on pourrait dire le seul connu!- est “Un couteau sans lame, auquel manque le manche” dont André Breton disait dans une préface écrite en 1939 que “c’est une sublime niaiserie philosophique qui configure par l’absurde le chef-d’œuvre dialectique de l’objet”.

   Né en 1742, Lichtenberg est le 17ème enfant d’un pasteur allemand. Une chute, à l’âge de 8 ans, le laisse bossu … ce qui ne l’empêchera pas d’avoir de nombreuses conquêtes féminines. À l’âge de 35 ans, il tombe amoureux d’une jeune fille de 13 ans, avec laquelle il vivra jusqu’à la mort de celle-ci à l’âge de 18 ans.

   Grâce à de solides études -entre autres scientifiques – à l’université de Göttingen

( où il enseignera ensuite jusqu’à sa mort en 1799), il correspond avec Kant qui l’avait en haute estime de même que Goethe qui dira que ” les écrits de Lichtenberg peuvent nous servir comme de la plus merveilleuse des baguettes magiques : là où il plaisante, un problème se cache.”
   Anticonformiste et anticlérical, cet esprit des Lumières qui refuse le dogmatisme -comme Jonathan Swift, lui aussi amateur d’aphorismes- met la question de la liberté ou de l’autonomie de la pensée au centre de son œuvre.

   Je vous propose un petit florilège de ces pensées, issues de ses cahiers de notes prises au jour le jour pendant 35 ans, et qui, plus de deux siècles après leur publication, n’ont rien perdu de leur force subversive et de leur pouvoir décapant. Lichtenberg s’y révèle un humaniste lucide qui refuse les pensées toutes faites et se moque de notre sottise. Il emploierait aujourd’hui un autre mot !

 ” Éveiller la méfiance envers les oracles : tel est mon but.” Objectif atteint, cher Georg Christoph ! Vous qui auriez appris avec plaisir qu’un cratère lunaire porte votre nom.

Et ils sortirent dans la rue avec le vin, qui n’était plus dans les bouteilles, mais dans les têtes.

Un livre est un miroir: si un singe s’y regarde, ce n’est évidemment pas l’image d’un apôtre qui apparaît.

Une préface pourrait être intitulée: paratonnerre.

Il est impossible de porter à travers la foule le flambeau de la vérité sans roussir ça et là une barbe ou une perruque.

Donne à ton esprit l’habitude du doute et à ton cœur celle de la tolérance.

Efforce-toi de ne pas être de ton temps.

Il n’y a guère d’homme au monde qui, se transformant en coquin pour mille thalers, n’eût préféré rester honnête pour la moitié de la somme.

«Il y a beaucoup de gens qui sont plus malheureux que vous!» Cela ne donne pas un toit sous lequel on puisse habiter ; néanmoins l’argument est assez bon pour fournir un abri où se réfugier pendant une averse.

Dieu créa l’homme à son image, dit la bible; les philosophes font le contraire, ils créent Dieu à la leur.

Rien ne contribue davantage à la sérénité de l’âme que de n’avoir aucune opinion.

N’est-il pas  étrange que les hommes se battent si volontiers pour la religion et vivent si peu volontiers selon ses règles ?

L’Américain qui, le premier, a découvert Colomb a fait une fâcheuse découverte.

   Il n’y a malheureusement aujourd’hui plus d’édition en collection de poche des textes de Lichtenberg mais Le miroir de l’âme publié aux éditions José Corti regroupe plus de 2000 aphorismes .

On lira aussi avec profit le recueil intitulé Consolations à l’adresse des malheureux qui sont nés un 29 février !

Allez! Trois petits derniers aphorismes , pour la route!

Il avait donné des noms à ses deux pantoufles.

Il s’émerveillait de voir que les chats avaient la peau percée de deux trous, précisément à la place des yeux.

Ce livre avait l’effet qu’ont habituellement tous les bons livres; il rendait les niais plus niais encore, les gens intelligents plus intelligents et les milliers d’autres restaient inchangés.

   J’ai consacré ma dernière chronique au documentaire de Farid Haroud Comme des lionnes sur le foot féminin en général et sur l’équipe lyonnaise en particulier.Bonne nouvelle, le film est à nouveau disponible en replay sur France.TV.

   Le manque de considération pour la pratique féminine du foot que souligne le  documentaire, est illustré par le silence assourdissant de la plupart des médias sur la coupe du monde qui a commencé ce jeudi en Nouvelle-Zélande et  en Australie.


   Si le cœur vous en dit, je serais heureux que vous me fassiez des suggestions de rediffusion de l’un de mes kaléidoscopes pour le dernier samedi du mois de juillet.


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