Comme chaque année, à la même époque, les branches des acacias ploient sous des grappes de fleurs blanches qui évoquent la forme d’un papillon, d’où leur nom de papilionacées. Vous ne pourrez pas échapper à leur parfum au bord des allées d’acacias dans les villes et les chemins de campagne, parfum subtil et si intense qu’à la faveur du vent, vous le ressentirez si vous passez en voiture, avant tout dans la fraîcheur du matin. Hier nous avons roulé à vélo, le long de la Via Rhona bordée d’acacias, le nez au vent! Chaque année je ne résiste pas au plaisir de m’arrêter au bord de la route pour observer de près ces grappes neigeuses dont les abeilles se régalent. En cette saison, les apiculteurs disposent leurs ruches dans les bois à proximité de ces arbres au port élégant, à la croissance rapide et au feuillage découpé en folioles qui lui donnent sa légèreté. Les butineuses produisent le fameux miel d’acacia à la belle couleur d’or.
Les fleurs d’acacia sont aussi pour moi associées à l’enfance et au souvenir des beignets que nous confectionnions avec notre mère… et nous perpétuons chaque année, en ces belles journées de printemps, avec nos enfants, et aujourd’hui petits-enfants, cette tradition des beignets d’acacias dégustés encore chauds!
Mais je vois déjà les férus de botanique froncer les sourcils à la lecture de ces premières lignes et lever le doigt pour signaler que c’est le mimosa qui peut se prévaloir du joli nom d’acacia à la place de celui qu’il faudrait appeler robinier en l’honneur de Jean Robin qui l’a introduit en France en 1601. Pour la petite histoire, les graines ont été rapportées de Virginie par le botaniste anglais John Tradescant qui les a offertes au jardinier du roi Henri IV Jean Robin, qui s’est empressé de les planter dans son jardin de l’île de la Cité à Paris. Si vous allez à Paris admirer Notre-Dame, prenez le temps de vous arrêter sur votre chemin au square René-Viviani, au bord de la Seine, pour saluer le plus vieil arbre de Paris semé aussi par Jean Robin: ce robinier ( Robinia pseudoacacia) est haut de onze mètres et a une circonférence de 3,85 mètres.
Par temps de grand vent, ne vous hasardez pas auprès d’un acacia -sans vouloir faire injure au jardinier du roi, c’est tout de même un nom plus beau et plus aérien que celui de robinier- qui peut s’élancer à plus de vingt mètres. Leur bois est cassant et les bûcherons canadiens le surnomment Widowmaker ( faiseur de veuves!). Ne cherchez pas non plus à embrasser son tronc rugueux et crevassé, aux redoutables épines.
C’est aussi une forme d’acacia qui a défrayé la chronique en Afrique en élaborant une étonnante stratégie de défense contre les antilopes koudous qui se nourrissaient de ses feuilles. Mais ceci est une autre histoire!
Comme je l’ai annoncé dans mon envoi précédent, mon kaléidoscope fêtera samedi prochain ses sept ans, l’occasion de revenir sur les thèmes abordés au cours de ces années.
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