« Nous, associations et syndicats qui agissons avec et pour les personnes touchées par la précarité, les inégalités et les atteintes aux droits humains, qui militons pour une transition écologique et solidaire, les libertés publiques et la liberté de la presse, avons pris la décision de quitter collectivement le réseau social X (ex Twitter), le 20 janvier. »
Ce sont les premières phrases de la pétition signée par un collectif de 86 associations, répondant à l’appel d’Emmaüs France. Parmi elles nous trouvons France Nature Environnement, Greenpeace France, la ligue des droits de l’homme…
Je ne reviens pas sur l’histoire de Twitter que j’ai détaillée dans mon 295ème kaléidoscope il y a près de deux mois ( voir sur le blogue grâce à ce lien:
Kaléidoscopes ! ) et sur le rôle déterminant qu’il a joué dans l’élection de Trump.
On a de la peine à se souvenir comme le rappelle Vert ( le média en ligne qui annonce la couleur… et qui prend chaque jour davantage de couleur !) que la Silicon Valley était considérée comme un havre progressiste et qu’Elon Musk, jadis démocrate, a voté pour Barack Obama et même Hillary Clinton battue par Donald Trump. Et devinez qui va sponsoriser la cérémonie d’investiture du milliardaire orange? Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Sam Altman, celui d’OpenAI … et Mark Zuckerberg le fondateur de Meta qui avait viré jadis Donald Trump de son réseau Facebook. Ils y croiseront la fine fleur de l’extrême-droite mondiale: Giorgia Meloni, Viktor Orban, le président argentin Javier Milei ( avec sa tronçonneuse !?) et Eric Zemmour! Que du beau monde! Sans oublier qu’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, deviendra aussi le membre officiel le plus puissant du gouvernement américain avec pour rôle de licencier en série et de détruire ce qui reste de fonction publique.
On pourrait en rire mais l’affaire est grave car Elon Musk ne supporte pas que l’Europe envisage ( très timidement) de réguler l’espace numérique et il soutient l’AfD, le parti d’extrême-droite allemand aux élections du 23 février et accuse Olaf Scholz d’être un idiot incompétent et son ministre écologiste de l’Économie d’être un traître à la nation. Même chose en Grande-Bretagne où Musk affirme que « la guerre civile est inévitable », accusant le premier ministre Keir Starmer de complicité de crime et soutenant le parti populiste d’extrême-droite. Musk est carrément amoureux de Meloni et fera tout, soyons-en sûr pour soutenir l’extrême-droite en France aux prochaines élections.
Fort heureusement, l’opposition à cette immense toile d’intox qu’est devenu X avec des algorithmes qui favorisent la prolifération des contenus haineux et la circulation de théories complotistes et climatosceptiques, s’organise en France, avec l’initiative de David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS qui, en créant HelloQuitteX, une application dont le nom évoque avec humour la marque japonaise Hello Kitty, permet aux utilisateurs du réseau de moins en moins social de transférer leurs abonnés et abonnements vers Bluesky ou Mastodon. En une semaine plus de 5000 personnes et organisations se sont inscrites sur l’application.
Le collectif des 86 associations qui a décidé de quitter X le jour de l’investiture de Trump est bien conscient qu’il « se prive d’un canal de communication pour valoriser ses actions, ses combats, interpeller, sensibiliser… Mais cet outil, qui pouvait être appréhendé comme un nouvel espace de liberté d’expression à ses débuts, est devenu un grave danger pour celle-ci et pour le respect de la dignité des personnes. »
On peut rêver que si suffisamment de groupes et de personnes désertent X et investissent d’autres canaux, l’hégémonie de X dégringolera.
On peut rêver qu’un mouvement de départ du pire des réseaux sociaux sonne comme un avertissement pour les autres et en particulier ceux de Mark Zuckerberg, le puissant patron de Facebook ( deux milliards d’utilisateurs!) mais aussi d’Instagram et de WhatsApp qui vient honteusement de prêter allégeance à Donald Trump en refusant de modérer les contenus au nom de la liberté d’expression.
On peut surtout rêver que la vieille Europe prenne très rapidement la mesure des dangers que font courir à la démocratie les réseaux « asociaux » en leur infligeant des amendes à la mesure de leurs profits ou en les interdisant.
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