Graeme Allwright. Ce nom ne dira peut-être rien à mes kaléidoscopeurs de moins de 30 ans… Et pourtant… si je leur dis: Jolie bouteille – Emmène-moi – Petit garçon – Ça je ne l’ai jamais vu, pour ne prendre que quelques titres de ses chansons, je suis certain qu’une petite musique se met en place, qu’une voix chaleureuse, des mots simples et une bonne pincée d’humour tintinnabulent à leurs oreilles.

Graeme Allwright , qui vient de nous quitter, est né en Nouvelle-Zélande il y a 93 ans. Il commence à chanter dans les églises et à jouer de la guitare mais le théâtre est sa véritable passion. C’est en jouant Shakespeare à Londres qu’il rencontre Catherine Dasté, petite fille de Jacques Copeau et fille de Jean Dasté, le fondateur de la comédie de Saint-Étienne. Son mariage avec Catherine Dasté est évoqué avec humour dans l’une de ses premières chansons “il faut que je m’en aille” (buvons encore une dernière fois…les retrouvailles)
” Je rigolais dans mon plastron
Quand le maire essayait d’prononcer mon nom.”

Il se produit dans les années 60 à Paris dans des cabarets “sept soirs sur sept pour des clopinettes”. Colette Magny le présente à Mouloudji qui produit son premier disque.
Guitare, banjo, harmonica et contrebasse, la couleur musicale folk coule de source. Le succès arrive rapidement avec ses adaptations de Leonard Cohen ( Suzanne, l’étranger, demain sera bien…) Bob Dylan ( Qui a tué Davy Moore? Une de mes chansons préférées de Graeme Allwright qui la présente ainsi sur la pochette du disque : “nous avons cherché dans l’accompagnement à recréer l’atmosphère du ring : la lumière crue, la chaleur, l’excitation. Le banjo utilisé d’une manière peu traditionnelle employant des accords dissonants, aide à évoquer la cruauté, la dureté d’un match de boxe.”)

Mais Graeme Allwright n’est pas à l’aise avec le succès, il refuse les concessions, les règles du show biz, il préfère mener sa carrière en marge des médias, jouer dans les “p’tits patelins”. Il fait de sa chanson un art de vivre, une philosophie où les valeurs de partage, la dénonciation moqueuse du conformisme, de la société de consommation et des injustices, la non violence et la défense des sans grade sont des règles intangibles. Choqué par les paroles belliqueuses de La Marseillaise, il en propose une nouvelle version avec des paroles d’amour et de paix qu’il fait entonner à son public au début de ses concerts.

On n’en finirait pas d’énumérer les titres de ses chansons : La ligne Holworth, Jusqu’à la ceinture, So long Marianne, petites boîtes … La belle voix chaude de Graeme résonnera encore longtemps à nos oreilles et Le jour de clarté qu’il appelait de ses vœux – et dont les paroles concluent ce kaléidoscope – n’est toujours pas arrivé.

Petites boîtes ( Little boxes de Malvina Reynolds.)

Petites belles très étroites
Petites boîtes faites en ticky-tacky
Petites boîtes, petites boîtes
Petites boîtes toutes pareilles
Y a des rouges, des violettes
Et des vertes très coquettes
Elles sont toutes faites en ticky-tacky
Elles sont toutes toutes pareilles

Et ces gens-là dans leurs boîtes
Vont tous à l’université
On les met tous dans des boîtes
Petites boîtes toutes pareilles
Y a des médecins, des dentistes
Des hommes d’affaires et des avocats
Ils sont tous tous faits de ticky-tacky
Ils sont tous tous tous pareils
Et ils boivent sec des martinis
Jouent au golf toute l’après-midi
Puis ils font des jolis enfants
Qui vont tous tous à l’école
Ces enfants partent en vacances
Puis s’en vont à l’université
On les met tous dans des boîtes
Et ils sortent tous pareils
Les garçons font du commerce
Et deviennent pères de famille
Ils bâtissent des nouvelles boîtes
Petites boîtes toutes pareilles
Puis ils règlent toutes leurs affaires
Et s’en vont dans des cimetières
Dans des boîtes faites en ticky-tacky
Qui sont toutes toutes pareilles

Le jour de clarté

On peut chanter tous les poèmes des sages,
On peut parler de l’humilité
Mais il faut s’unir pour abolir
Injustice et pauvreté.
Les hommes sont tous pareils,
Ils ont tous le même soleil.
Il faut, mes frères, préparer
Le jour de clarté,
Quand tous les affamés
Et tous les opprimés
Entendront tous l’appel,
Le cri de liberté,
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité.

On peut discuter sur les droits de l’homme,
On peut parler de fraternité
Mais que les hommes
Soient jaunes ou blancs ou noirs,
Ils ont la même destinée.
Laissez vos préjugés,
Rejetez vos vieilles idées,
Apprenez seulement l’amitié
Pour que les affamés
Et tous les opprimés
Entendent tous l’appel,
Le cri de la liberté.
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité.

On ne veut plus parler de toutes vos guerres
Et on ne veut plus parler
De vos champs d’honneur
Et on ne veut plus rester les bras croisés
Comme de pauvres spectateurs.
Dans ce monde divisé,
Il faut des révoltés
Qui n’auront pas peur de crier
Pour que les affamés
Et tous les opprimés
Entendent tous l’appel,
Le cri de la liberté.
Toutes les chaînes brisées
Tomberont pour l’éternité.

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