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Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 63: Histoires de Nasr Eddin.

Nasr Eddin est un personnage mythique qui apparut au XIIIème siècle en Turquie. Sa renommée va des Balkans à la Mongolie et ses aventures sont célébrées dans plusieurs dizaines de langues, dont le turc, l’arabe, le persan ou le serbo-croate.
Sa renommée est telle que deux villages, un en Anatolie, et l’autre en Algérie revendiquent le lieu de sépulture de Nasr Eddin.
Voici trois échantillons ( j’aime la sonorité de ce mot qui chante comme un grillon!) de la sagesse insolite et insolente de Nasr Eddin Hodja, des histoires qui mettent en scène ce personnage tour à tour ingénu et ingénieux, insolent et obséquieux, naïf et le plus souvent faux-naïf avec cet irrésistible mélange de bon sens et de sens de l’absurde.

Nasr Eddin , qui occupe les fonctions de cadi (juge), voit arriver devant lui un étranger vêtu de sa seule chemise et couvert de bleus et de contusions.
« Cadi, crie l’homme en furie dès son entrée dans la salle d’audience , je porte plainte. Fais, séance tenante, ton enquête dans la ville : je suis un marchand ambulant, et j’ai été dépouillé par une bande de voleurs de toutes mes marchandises ainsi que de tous mes effets personnels. »
-Je vois en effet que tu es mal en point, réplique le Hodja; malheureusement, tu ne relèves pas de ma juridiction.
-Comment cela? J’ai été attaqué à deux pas d’ici !
-Peut-être, conclut Nasr Eddin, mais les voleurs d’ici je les connais : ils ne t’auraient jamais laissé repartir avec ta chemise.

Mon voisin Ahmed vient de mourir, annonce un soir Nasr Eddin en entrant dans le café

  • Et de quoi donc? demande-t-on aussitôt.
  • On n’a jamais su pourquoi il vivait, répond le Hodja, comment pourrait-on savoir de quoi il est mort? Les habitants d’Aksehir ont besoin d’un sage pour leur apprendre le monde. Ils vont chercher Nasr Eddin et l’amènent en place publique.

« Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ?
─ Tout !
─ Je n’ai rien à faire avec de tels ignorants. »
Et Nasr Eddin s’en va. Les dignitaires réfléchissent et demandent aux habitants de répondre au grand sage, mais cette fois sans le froisser. Ceux-ci vont à nouveau rechercher Nasr Eddin qui demande :

« Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ?
─ Rien !
─ Alors si vous savez tout, je m’en vais. »
Et Nasr Eddin s’en va, énervé. Les dignitaires réfléchissent de nouveau et demandent cette fois-ci au peuple un peu plus de compréhension avec une telle sagesse. Ils vont retrouver Nasr Eddin et le ramènent en ville.

« Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ? »
Une moitié crie :

« Rien ! »

Et l’autre moitié :

« Tout ! »
Alors Nasr Eddin excédé, dit :

« Hé bien, que ceux qui savent apprennent à ceux qui ne savent pas. »



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