Édith Scob est morte ce mercredi 3 juillet à l’âge de 81 ans. On ne peut pas dire que l’information ait pris beaucoup de place dans les journaux.
C’est vrai que le cinéma ne lui a pas donné pléthore de rôles de premier plan. On l’a vue dans le mythique Holy Motors de Leos Carax en 2012 et dans L’heure d’été d’Olivier Assayas en 2008. Dans La Voie lactée de Luis Buñuel elle joue le rôle de la vierge Marie.
Mais c’est à Georges Franju qu’elle doit ses plus beaux rôles et surtout le personnage mythique qui la projeta sur le grand écran à l’âge de 22 ans en 1960. Dans Les yeux sans visage, elle joue le rôle d’une jeune fille défigurée dans un accident de voiture provoqué par son père chirurgien qui va tenter par tous les moyens de lui redonner figure humaine . ” J’arrivais sur le tournage trois heures avant tout le monde pour qu’on m’applique le masque. Dès lors, j’avais du mal à parler. J’étais comme séquestrée.” raconte Édith Scob , capturée par le rôle qui la fit connaître et qui fut comme une matrice de tous les autres. Je n’oublierai jamais l’intensité de ce regard sous le masque blanc, et la frêle silhouette muette d’Édith Scob.
Pedro Almodovar affirme que le film de Franju a eu une influence majeure sur son cinéma : ” J’avais en tête Les yeux sans visage -un film que je connais par cœur- pendant que j’écrivais La piel que habito ( la peau que j’habite) .
Je me souviens d’avoir été littéralement épouvanté dans cette salle de ciné-club de mon village par la longue scène où le chirurgien joué par l’impressionnant Pierre Brasseur prélève la peau du visage des jeunes filles qu’il a séquestrées pour la greffer sur celui de sa fille. Et je me souviens d’être rentré chez moi, à la nuit noire et venteuse, effrayé par le moindre craquement dans les bois!
Franju a su créer une atmosphère irrespirable et oppressante et Les yeux sans visage est l’une des rares incursions du cinéma français dans le registre du fantastique et même de l’épouvante .
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