Je n’avais pas prévu de consacrer un kaléidoscope au dernier film de François Ozon, mais après l’avoir vu cette semaine, après en avoir parlé, j’ai ressenti que Grâce à Dieu était un film important et nécessaire.
Le film raconte le combat des victimes d’actes pédophiles du père Preynat dans les années 80 et 90 dans la région lyonnaise , pour faire reconnaître les traumatismes subis et révéler le scandale de l’omerta et de l’absence de dénonciation de l’église.
“Ce n’est pas un film contre l’église -explique le réalisateur- c’est un film qui vise à aider l’église à comprendre toutes les maladresses et toutes les erreurs qui ont été commises. Il n’y a pas de jugement dans ce long-métrage, juste des questions. L’idée est de créer un débat et de faire en sorte que ces crimes ne se reproduisent pas et soient sanctionnés.”
Après un long travail d’enquête François Ozon- qu’on n’attendait pas sur un tel sujet, tant depuis 20 ans ses films étaient résolument ancrés dans la fiction – a construit son film autour de trois acteurs impressionnants de vérité :
Melvil Poupaud, tout en retenue dans le rôle d’Alexandre, catholique pratiquant issu de la bonne bourgeoisie lyonnaise bien pensante, père de cinq enfants. Denis Ménochet, incarnant François, le fonceur athée et révolté qui créera l’association La parole libérée.
Et Swann Arlaud, incandescent dans la peau d’Emmanuel, le plus jeune et le plus fragile des trois.
Le réalisateur a retenu les leçons du cinéma américain indépendant et assume la référence à Spotlight où Tom McCarthy met en scène des journalistes menant une impressionnante enquête sur un immense scandale d’abus sexuels perpétrés par une centaine de prêtres sur des milliers de victimes dans le diocèse de Boston.
Il est rassurant que, malgré les multiples pressions pour le bâillonner, Grâce à Dieu soit sorti sur les écrans et ait réuni dès la première semaine plus de 200 000 spectateurs. Je suis convaincu que ce film citoyen, par sa justesse de ton, fera évoluer les consciences, contribuera à ouvrir un débat et donnera confiance à ceux qui, dans l’église, et plus globalement dans la société, luttent pour que la vérité éclate au grand jour.
Pour montrer à quel point Grâce à Dieu est un film salutaire, je terminerai par le témoignage d’un couple d’amis : “30 ans après que notre fils a été abusé par un enseignant dont on pensait qu’il était un ami, la parole n’a pas été libérée. Ce fils a par moment des tendances suicidaires. Ses relations avec nous et sa fille aînée sont très compliquées. Le film d’Ozon est une bouffée d’oxygène et une invitation à la parole, à lever le secret qui est un vrai poison.”
Comme chaque année, les heureux habitants de Bron et des environs ont rendez-vous à l’hippodrome pour une course de chevaux sauvages!
On me signale dans l’oreillette qu’il n’en est rien et qu’il sera bien question de “Vie sauvage” à l’hippodrome transformé comme chaque année en fabuleuse fête du livre, probablement l’une des plus stimulantes de France.
Du vendredi 7 au dimanche 10 mars, découvrez une foule de créateurs ( Je n’en citerai que quelques-uns : Atiq Rahimi, Delphine de Vigan, Jérôme Ferrari, Éric Vuillard ou Valérie Zenatti – au cœur de mon 35eme kaléidoscope et dont il ne faut pas manquer la lecture musicale-).
Comme le dit Yann Nicol , le directeur de la fête du livre: “Au fil des grands romans, essais, bandes dessinées, recueils poétiques ou livres jeunesse, nombreux sont les auteurs qui explorent les liens entre nature et culture, animalité et civilisation, instinct et normes sociales, urbanité et sauvagerie.”
Laisser un commentaire