Délivrez-vous!
Beau slogan, n’est-il pas vrai? Avec le livre au cœur de l’injonction.
Paul Vacca a eu la bonne idée d’intituler ainsi son dernier livre, sous-titré Les promesses du livre à l’ère numérique .
En exergue une citation d’Henry Miller:
À quoi servent les livres s’ils ne ramènent pas vers la vie, s’ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d’avidité ?
À rebours de quelques pseudo-prophètes qui se piquent de modernité, Paul Vacca fait le pari que le livre est l’avenir du livre. Umberto Eco et Jean-Claude Carrière en étaient arrivés à la même conclusion dans ce livre d’entretiens étincelant d’érudition et d’intelligence au titre lui aussi impératif N’espérez pas vous débarrasser des livres.
“Lire un livre papier, ce n’est pas être réfractaire à l’avenir, ni être prisonnier du passé : c’est simplement vivre une expérience au présent en étant pleinement présent” écrit Paul Vacca. En revanche le livre électronique reste dépendant de son système d’exploitation. Ce monstre froid ne risque pas de s’enflammer et la notion de don lui est étrangère. Peut-on avoir l’idée d’offrir ou de prêter un e-book? “Il reste prisonnier de sa gangue numérique égoïstement matérielle.”
On ne sera pas surpris de trouver dans le petit livre de Paul Vacca un chapitre consacré aux librairies et je ne peux que souscrire à sa définition de la bonne librairie :”celle dont on repart toujours avec ce que l’on n’était pas venu chercher.”
J’aime beaucoup l’épilogue du livre qui imagine un récit de SF où un certain Mark Gutenberg réinvente le livre. Dans le même esprit je vous invite à voir ( ou à revoir) cette vidéo (en espagnol, sous-titrée en français !) de quelques minutes: book, révolution technologique déjà vue par trois millions de personnes . La preuve par l’humour que si le livre disparaissait il faudrait le réinventer !
Vous imaginez sans peine que le chapitre intitulé ” Amazon 451″ ne va pas tresser de couronnes de lauriers à Jeff Bezos, son richissime fondateur dont on vient d’apprendre qu’il était devenu cette année l’homme le plus riche de la planète . 1% de sa fortune avoisine le budget de la santé de l’Ethiopie et de ses 105 millions d’habitants. Quand on sait qu’il exploite de manière précaire 300 000 intérimaires et qu’il s’évertue ( façon de parler!) à ne payer que très peu d’impôts, on pourrait imaginer de ne plus enrichir encore l’homme le plus riche d’une planète qu’il contribue à appauvrir.
Mesurons la chance que nous avons en France de pouvoir fréquenter -grâce au prix unique du livre-3000 librairies qui préservent le fragile écosystème du livre et la bibliodiversité.
Laisser un commentaire