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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 39: America 8, De la race en Amérique.

Il y a un peu plus de trois mois mon 24ème kaléidoscope évoquait le septième numéro de la revue AMERICA consacré à la religion aux USA ( voir ci-dessous).
Le dossier central du numéro 8 est intitulé De la race en Amérique et débute par une histoire de l’esclavage qui a commencé il y a 400 ans dans ce qui était encore une colonie britannique.
Mon tout premier kaléidoscope le rappelait en présentant cette série de quatre bouleversants documentaires intitulés Les routes de l’esclavage ( le DVD est disponible sur le site d’ARTE et en librairie) .
On lira dans ce dernier numéro d’America avec beaucoup d’intérêt le témoignage que Zora Neale Hurston a recueilli en 1927 ( et qui n’avait jamais été traduit !) du seul survivant du dernier bateau négrier à avoir débarqué en toute illégalité aux États-Unis en 1860. L’intégralité du témoignage de Cudjo Lewis intitulé Barracoon paraîtra en mars aux éditions Lattès.
Les lecteurs attentifs qui seront allés au-delà des douze premières lignes de ce kaléidoscope -qui semble céder à l’autocitation, voire à l’autosatisfaction- ont déjà levé le doigt pour faire remarquer que j’avais consacré le kaléidoscope dix-neuvième du numéro au très original roman de Zora Neale Hurston ( qu’on redécouvre presque 60 ans après sa mort) Mais leurs yeux dardaient sur Dieu.
Mais revenons à nos moutons américains pour signaler d’autres pépites dénichées dans ce beau numéro d’America: Les usages du Blues est un inédit du grand écrivain américain James Baldwin qui revient aussi dans l’actualité avec Si Beale Street pouvait parler, un film tiré d’un de ses romans…après avoir encore fait l’objet d’un film de Raoul Peck au succès planétaire I am not your negro récompensé par le César du meilleur documentaire 2018.
Je parlerai un jour de manière plus approfondie de Carson McCullers à qui plusieurs écrivains américains rendent hommage à la fin de ce numéro. La fragilité des êtres humains qu’elle décrit me touche beaucoup.
Enfin ne manquez pas la bonne vingtaine de pages d’entretien avec Russell Banks, ce grand raconteur d’histoires comme il se définit lui-même. Il analyse avec beaucoup de lucidité l’Amérique de Trump et montre que “le racisme est intégré dans toute forme d’échange social même le plus petit, le plus insignifiant” et que “la culpabilité raciale nous met particulièrement mal à l’aise, nous les Blancs. C’est pourquoi nous l’esquivons.”
En écrivant en 1998 Pourfendeur de nuages ( quel beau titre! ) le grand Russell n’a pas esquivé la question raciale puisqu’il retrace le combat de John Brown, pionnier de la lutte abolitionniste, pendu après sa longue croisade contre l’esclavage, peu de temps avant la guerre de sécession. Un livre brillant et complexe qui n’élude pas non plus les questions du radicalisme et du fanatisme.

Kaléidoscope 24

Il ne vous a pas échappé que les USA filent depuis près de deux ans un assez mauvais coton! La métaphore textile s’imposant ici en référence au travail fourni jadis par les esclaves noirs dans les plantations du sud.
Dès l’arrivée au pouvoir de Donald ( qui nous fait moins rire que le personnage de Disney! ) François Busnel a décidé de créer (avec le soutien d’Eric Fottorino ) une revue trimestrielle qui aurait pour ambition de faire mieux comprendre aux Français les enjeux de cette nouvelle politique en s’appuyant essentiellement sur des écrivains, des reporters, des créateurs américains ou français qui proposent une autre vision de l’Amérique.
Idéalement America – puisque tel est le nom de cette belle revue – devrait s’autodétruire au terme des quatre années de mandat de l’imprévisible locataire de la Maison Blanche qui n’a jamais si bien porté sa couleur. À vrai dire, lorsqu’on a vu l’excellent documentaire de Frédéric Mitterrand “Trump, le parrain de Manhattan” que je vous invite à voir en replay , on craint vraiment qu’America aille au-delà de 16 numéros!
Pour l’instant, je vous propose de feuilleter le dernier numéro (7) d’America, dont le dossier central “Il était une foi en Amérique” est consacré au rôle capital de la religion aux États-Unis.
Malgré ses trois mariages, ses frasques sexuelles, ses déclarations sur sa célébrité qui lui permet “d’attraper les femmes par La chatte “…81% des évangélistes ont voté pour Trump en 2016. Le passionnant ( et inquiétant) reportage de Philippe Coste intitulé “Les évangéliques vont-ils sauver Trump” rappelle que cet électorat représente le quart de la population américaine. “Lorsqu’ils répondent aux sondages, quatre Américains sur dix déclarent qu’ils descendent en droite ligne d’Adam et d’Ève. Plus de la moitié croient dur comme fer au paradis, aux anges et aux démons.”
Quand on apprend qu’une telle proportion d’Américains croit que Dieu a créé la terre et tous les êtres vivants ( y compris les dinosaures ! ) il y a 6000 ans, il y a peu de raisons d’être surpris qu’ils gobent les vérités alternatives…et à géométrie variable , de l’homme qu’ils ont élu .
Également au sommaire de cet excellent numéro , un émouvant reportage sur les Amish de Philippe Claudel, un témoignage de Tara Westover sur son enfance chez les Mormons .
Et pour conclure un dossier sur John Steinbeck et “Les raisins de la colère”.

Ce numéro ( et les 7 précédents qui ont tous connu un très grand succès) est évidemment disponible dans toutes les bonnes librairies.


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