. Avant une petite pause, je laisse la parole à deux poètes que j’affectionne. « Élévation » et « Nous aussi nous aimons la vie » semblent n’avoir rien en commun mais célèbrent tous les deux, à un siècle et demi d’intervalle une pulsion et un idéal de vie . Le poème du Palestinien Mahmoud Darwich – qui nous a quittés en 2008- résonne intensément aujourd’hui pour un peuple, martyrisé à Gaza, qui désire ardemment depuis des décennies « avoir les moyens d’aimer la vie »
Vous pouvez retrouver sur le blogue avec ce lien Kaléidoscopes ! les articles consacrés à Mahmoud Darwich et à la Palestine ( K34, 235 et 248)
ÉLÉVATION
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
—Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes!
Nous aussi, nous aimons la vie.
Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.
Nous dansons entre deux martyrs et pour le lilas entre eux, nous dressons un minaret ou un palmier.
Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.
Au ver à soie, nous dérobons un fil pour édifier un ciel qui nous appartienne et enclore cette migration.
Et nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin sorte dans les rues comme une belle journée.
Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.
Là où nous élisons demeure, nous cultivons les plantes vivaces et récoltons les morts.
Dans la flûte, nous soufflons la couleur du plus lointain, sur le sable du défilé, nous dessinons les hennissements
Et nous écrivons nos noms, pierre par pierre. Toi l’éclair, éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu.
Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.
Merci pour vos commentaires à propos de mon dernier kaléidoscope consacré à la flore et au Génie des Alpages.
Et un merci particulier à Sylvie (et à Monique) pour la photo de la sculpture « Honneur aux étrangers » qui nous rappelle que les êtres humains se sont toujours mis en marche…


Rendez-vous le samedi 13 septembre pour le prochain kaléidoscope.
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