J’aurais préféré écrire ce kaléidoscope au mois de septembre ou octobre. Mais hélas, le jour où l’humanité commence à vivre à crédit commence de plus en plus tôt. En 1970, le «Jour du dépassement » était le 29 décembre. Cet indice, calculé par l’ONG GlobalFootprint Network « s’obtient en divisant la biocapacité de la planète -soit la quantité de ressources que la terre est capable de régénérer en un an- par l’empreinte écologique de l’humanité. » L’ONG détaille aussi le jour du dépassement dans 86 pays: si tout le monde consommait autant que le Qatar nous aurions besoin de 10 planètes par an! Le Luxembourg, paradis fiscal au cœur de l’Europe, est un enfer climatique qui ne fait guère mieux avec un jour du dépassement le 17 février. Quant à nous, c’est le 19 avril que nous avons dévoré notre première planète!

   Au rythme actuel, nous courons vers un réchauffement planétaire de 5,5° à l’horizon 2100. Nous ne serons pas là pour vérifier mais nos petits-enfants, si !

   Comme nous sommes en train de le constater nous sommes déjà entrés dans le temps de la souffrance climatique: les inondations en Europe et en Chine, les incendies en Australie, dans l’Ouest américain et canadien sont là pour nous le rappeler. Sans parler des glaciers qui fondent à vue d’œil.

   Notre inaction n’est pas inéluctable et si le climat était une banque, nous l’aurions déjà sauvé. Et nous avons su trouver beaucoup plus rapidement que prévu des vaccins pour enrayer la pandémie.

   Le WWF insiste sur les leviers d’action possibles. « S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, qui représentent 60 % de l’empreinte écologique mondiale, en les diminuant de 50 %, nous pourrions gagner 93 jours dans l’année, soit faire reculer le jour du dépassement en octobre », explique l’ONG. La division par deux de la consommation de protéines animales, elle, permettrait de gagner une quinzaine de jours par an. Dix jours pourraient encore être grignotés en divisant par deux le gaspillage alimentaire, avance encore le WWF, rappelant que 30 % de la production agricole mondiale est perdue ou gaspillée. Le site du WWF montre clairement que la consommation d’eau moyenne de chaque Français dépasse 500 litres par jour si on tient compte de toute l’eau produite pour notre alimentation.

   Même si le mode de calcul du jour du dépassement est parfois contesté, il est incontestable que le déficit écologique qu’il indique survient de plus en plus tôt. Il est salutaire qu’on nous rappelle chaque année l’impact croissant des activités humaines sur la biosphère.

   L’an dernier le jour du dépassement était le 1er août. Cette année c’est donc le 24 juillet. Si on continue à ce rythme-là et l’arrivée au pouvoir aux USA d’un climatosceptique ne devrait pas améliorer la situation, dans trois années nous aurons besoin de deux planètes par an.

   Et ce n’est pas la loi Duplomb -déposée sur la plateforme de l’assemblée nationale par une étudiante de 23 ans- qui assouplit ( bel euphémisme) les contraintes écologiques, qui va améliorer la situation et il est salutaire qu’elle ait recueilli près de 2 millions de voix:  https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-3014

   Il y a juste un an, dans un entretien au quotidien Le Monde  Esther Duflo, Prix Nobel d’Économie, expliquait que la transition écologique est compatible avec la lutte contre la pauvreté et les inégalités et que les pays riches ont une dette climatique envers les pays du Sud.

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