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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 315: Fête de la librairie: Esprit es-tu là ? Robert Desnos.

  L’envoi de mon dernier kaléidoscope, consacré à Mario Vargas Llosa, a connu quelques vicissitudes et certains d’entre vous ne l’ont pas reçu malgré mes nombreuses tentatives… et notre boîte n’a pu ni envoyer, ni recevoir de messages pendant plusieurs jours.

  Grâce à tous ceux qui me lisent, grâce à leurs nécessaires encouragements, ce kaléidoscope va fêter dans quelques jours ses « sept ans de réflexion! » ( petit clin d’œil au brillant film de Billy Wilder dont il serait dommage de ne retenir que la scène mythique où la robe de Marilyn Monroe se soulève au-dessus d’une bouche de métro ).  Peut-être l’occasion pour ceux qui le souhaitent de proposer des sujets ou d’en traiter à ma place comme l’ont fait plusieurs d’entre vous au fil des années.

   Pour la 27ème fois cette année 650 librairies de France, Suisse, Belgique et Luxembourg feront de la Saint Georges la fête de la librairie indépendante. La Saint Jordi est une fête créée en Catalogne en 1926. Un hommage à la culture catalane à travers le livre : à cette occasion, les hommes offrent une rose aux femmes qui offrent un livre aux hommes.

   À une époque où le temps de lecture est encore grignoté par les écrans comme le montre la sixième étude du CNL (Centre national du livre) prenez soin des livres et des librairies, lieux indispensables de passion, d’échange, de transmission et de lien social. Peut-on se résoudre à accepter qu’un adolescent sur trois entre 16 et 19 ans ne lise pas du tout dans le cadre de ses loisirs, que près de la moitié fasse autre chose en même temps qu’ils lisent ( notamment envoyer des messages et aller sur les réseaux sociaux) et que les enfants passent dix fois plus de temps sur les écrans qu’à lire? « La lecture en chute livre » titre même Télérama qui s’inquiète que la part des lecteurs quotidiens diminue pour atteindre son niveau le plus faible depuis dix ans. « Les Français consacrent près de 24 heures par semaine à Internet ( 49 minutes de plus qu’en 2023) et jusqu’à 35 heures pour les moins de 25 ans, contre 3 heures 40 consacrées aux livres. » 

   Je compte sur vous pour faire mentir l’étude du CNL qui révèle que les acheteurs ont tendance à moins fréquenter les librairies, au profit des grandes surfaces et de la vente en ligne.

   Si vous poussez la porte d’une librairie indépendante ce samedi 26 avril vous aurez une pensée pour deux génies littéraires morts tous deux le 23 avril 1616 : Cervantès et Shakespeare qui ont donné vie à des personnages plus célèbres qu’eux: Don Quichotte et Hamlet.  Esprit es-tu là ? est une question centrale dans leur œuvre… et dans les cadeaux qui vous seront offerts cette année pour « la fête de la librairie indépendante »: cartes postales reproduisant les plaques indiquant sur les murs de Paris que des écrivains ont vécu ou sont morts en ces lieux. Plaquette composée d’une soixantaine de dédicaces comme celle-ci qui me plaît bien :  À ce temps 

                                                                                     Qui nous est donné,

                                                                                     À ce temps 

                                                                                     Qui nous est repris.

   Un petit livret intitulé « Les fantômes existent » est un bel hommage à Robert Desnos ( voir K255: Poèmes de minuit, Robert Desnos toujours vivant, écrit à l’occasion de la parution en 2023 de 86 poèmes inédits retrouvés dans une vente aux enchères 75 ans après sa mort en camp de concentration à l’âge de 45 ans.) Le livret réaffirme la puissance de l’imaginaire du poète, son aventure vers la haute mer du langage. Pour lui, la poésie avait pour mission de réenchanter le monde. Robert Desnos aimait s’émerveiller et croyait au merveilleux.

   Comme l’écrit Gabriel Dufay dans sa présentation: « Finalement, Robert Desnos aima les fantômes jusqu’à en devenir un lui-même, confronté à l’Histoire tragique, à la barbarie et la violence d’un monde de morts-vivants. Le fantôme de Desnos demeure, en état de veille, marchant au bord de révélations, nous montrant le chemin du courage et de la résistance, faisant de la poésie  une véritable question de vie ou de mort, une puissance d’ébranlement sans commune mesure. »


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