Sans nous en rendre compte, chaque jour, nous dépendons des arbres; dès notre réveil nous leur sommes redevables: nous buvons du café, du thé ou du chocolat, nous mangeons des fruits, assis sur des chaises et installés à une table.
Même si, depuis 300 000 ans, l’homme, ce grand singe, s’est éloigné des arbres, sa vie quotidienne leur est intimement liée : de l’oxygène qu’ils nous procurent, du bois que nous utilisons pour construire nos maisons, au papier de nos emballages, de nos journaux et surtout de nos livres. Et à ce propos, depuis quelques années, de plus en plus de livres leur sont consacrés avec succès, un des signes que nous avons peut-être retrouvé le chemin des arbres.
Parmi eux, Le traité de l’arbre ,sous-titré essai d’une philosophie occidentale de Robert Dumas m’avait, il y a plus de vingt ans, impressionné et ouvert des horizons nouveaux : « la philosophie doit redonner à la pensée de l’arbre, ou en vérité à l’arbre lui-même, puisqu’il fait penser, la place qui lui revient dans la culture occidentale, la place centrale à partir de laquelle tout s’organise et prend sens. » Le livre de Jacques Tassin, Penser comme un arbre allait dans le même sens en affirmant que « L’arbre semble vouloir s’adresser aux grands primates irrévérencieux que nous sommes devenus. Des primates aujourd’hui perdus au bord du chemin pour avoir sottement oublié qu’ils vivaient sur la planète des arbres. »
J’avais consacré mon 162ème kaléidoscope ( à retrouver en partie à la fin de cette chronique et en intégralité sur ce blogue ) au livre majeur d’Ernst Zürcher, un ingénieur forestier Les arbres, entre visible et invisible
qui nous montre que les arbres sont reliés au cosmos, communiquent entre eux et même que les chants d’oiseaux les font mieux pousser!
Dans sa préface, Francis Hallé soulignait l’importance fondamentale de cet ouvrage: on peut faire confiance à l’un des pionniers de la connaissance de ce végétal multiforme qui a, de 1986 à 2003, dirigé les missions scientifiques du « Radeau des cimes » sur les canopées des forêts tropicales et à qui l’on doit Plaidoyer pour l’arbre, ce livre merveilleux qui est aussi un plaidoyer pour l’homme.
Mais c’est incontestablement le garde forestier allemand Peter Wohlleben qui a fait découvrir au grand public les incroyables capacités des arbres et le fonctionnement de la forêt où ces géants interagissent, communiquent et s’entraident. Cette plongée dans l’intimité des arbres, de la cime aux racines, intitulée La vie secrète des arbres, s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires et a été traduite en 40 langues. Fred Bernard et Benjamin Flao ont même osé, avec succès, adapter le livre en BD.
Plus récemment Le dictionnaire amoureux illustré des arbres du jardinier en chef de Versailles et chroniqueur sur France Inter Alain Baraton détaille dans un beau livre illustré de dessins et photos une centaine d’arbres. De l’abricotier au zamana on apprend que les fruits du mancenillier peuvent être mortels, que de nombreux arbres peuvent vivre un millénaire et qu’un épicéa de la taille d’un arbrisseau localisé en 2004 dans le nord de la Suède serait, à 9550 ans, l’arbre le plus vieux du monde. À côté, le gigantesque cyprès de Montezuma au Mexique avec ses 1500 ans est un jeune homme… qui en impose quand même un peu avec ses 36 mètres de circonférence: record du monde battu!
On apprend aussi que le premier pied de mimosa de France n’a pas été planté dans le midi mais à Angers en 1847. Et s’il fleurit en ce moment hivernal c’est qu’il semble avoir gardé la mémoire de ses origines australiennes aux antipodes.
Dans un petit chapitre consacré aux racines, Alain Baraton nous dit qu’il existe un figuier de vingt mètres de haut dont les racines s’enfoncent à cent vingt mètres de profondeur.
Et pour terminer, comme promis, une partie de mon 162ème kaléidoscope à retrouver en intégralité sur le blogue.
Ernst Zürcher dans son petit livre “Planter un arbre et créer une forêt” raconte l’histoire d’Abdul Kareem “dont le rêve de toujours fut de planter une forêt en un endroit complètement dénudé, pour prouver que la nature peut être régénérée lorsqu’on s’y attache avec détermination.” En 1977 il achète un lopin de 2 ha de terre aride dans le Kerala en Inde. Les débuts sont difficiles et Abdul comprend qu’il faut diversifier les plantations sur les 11 ha qu’il acquiert en 1982. Aujourd’hui son pari est gagné et sa forêt a créé un écosystème qui fait l’admiration des chercheurs du monde entier.
Post-scriptum qui n’a rien à voir comme on disait au siècle dernier:
Je présenterai à nouveau la causerie que j’avais consacrée en septembre ( voir K287) à l’un des plus grands écrivains du vingtième siècle Joseph Conrad .
Ce sera ce lundi 17 février à 14h30 au château Louis XI de la Côte Saint André.
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