Connaissez-vous le Papotin? Un mot étrange et amusant évoquant à la fois le bavardage ( papoter) et une partie rebondie de notre anatomie ( popotin). Les deux mots nous invitent à ne pas nous prendre au sérieux: papoter c’est parler beaucoup de choses insignifiantes, quant au popotin on peut être invité à joyeusement le remuer ou à « onduler du… » .
Mais revenons au fondement -si j’ose dire- de cet insolite mot-valise: le Papotin est, au départ, un journal créé en 1970 par Driss El-Kesri, un éducateur à l’hôpital de jour d’Antony, un centre qui accueille des adolescents autistes âgés de 15 à 25 ans.
Une des inspirations du Papotin est le lancement d’un journal fait par des sans-abris à New-York et qui interviewait des personnalités.
La ligne éditoriale du Papotin est la même depuis 33 ans: une rencontre d’une personnalité médiatique avec une rédaction composée de 53 journalistes non professionnels, porteurs de troubles du spectre autistique.
Le premier numéro paraît en mai 1990 avec une interview d’Howard Buten qui aide alors comme bénévole à l’hôpital de jour d’Antony.. et qui sera jusqu’à sa mort récente -voir mon premier kaléidoscope de l’année qui lui est en partie consacré – le parrain principal de ce journal atypique.
Au fil des années le journal a invité des personnalités aussi différentes que Renaud, Vincent Cassel, Jacques Chirac, Stéphane Hessel, Barbara…
Tous les mercredis matin, les journalistes se retrouvent pour une conférence de rédaction, ils débattent des sujets et choisissent les prochaines personnalités à interviewer, ils apportent les textes et les dessins.
Chaque numéro du Papotin peut s’acheter en ligne, mais depuis ce mois de janvier 2025 ce journal atypique est enfin en kiosque: dans ce numéro 42 avec Philippe Katerine dessiné en couverture vous pourrez découvrir tout ce qui fait l’originalité de ces entretiens hors normes, de ces questions insolites et inattendues. Le lecteur est ému par la qualité de ces regards spontanés, libres, profondément humains .
En 2019, le film «Hors normes » d’Olivier Nakache et Éric Toledano est en partie inspiré de la rencontre des deux réalisateurs et de la rédaction du Papotin. Ce sera aussi le point de départ des Rencontres du Papotin. L’émission de 28 minutes est diffusée sur France 2 depuis septembre 2022 un samedi par mois et les dix-huit épisodes sont disponibles sur France.TV. Antoine Dupont, Benoît Magimel, François Cluzet, Julie Armanet, Dany Boon … il y a à chaque fois des moments de grâce où les invités se surprennent à dire des choses essentielles et à révéler en douceur leurs fragilités: on n’oubliera pas l’intense émotion de Clara Luciani ou celle de Christiane Taubira qui fend l’armure en parlant pour la première fois de ses deux divorces à Marvin: « Pourquoi est-ce que je te raconte tout ça? » s’interroge Christiane Taubira.
– Parce qu’on est au Papotin!
Vous pourrez retrouver une partie de ce bel entretien dans ce numéro 42 du Papotin où s’exprime aussi avec une force tranquille Ginette Kolinka, rescapée du camp d’Auschwitz il y a 80 ans. « Tu es vieille? » lui demande Akli. Et la réponse fuse: « Oui, je suis même très vieille. 99 ans, c’est très vieux. Mais dans le cerveau, non, je ne suis pas vieille. » Et elle rit de la mort : « S’il m’arrive quelque chose pendant la nuit, les gens vont arriver le matin et me trouver morte, alors je range mes affaires. Ça m’amuse parce qu’à l’époque je n’étais pas soigneuse et maintenant, je range mes affaires. Si je meurs dans la nuit, les gens qui viendront ne diront pas : Ah, quel bordel chez Ginette! »
Les deux prochains invités des « Rencontres du Papotin » en février et mars devraient être Marion Cotillard et Omar Sy.
Si le paradis existe et si les souris y sont admises, elles ont dû faire une haie d’honneur à l’arrivée en décembre de Kazuo Iwamura. Il y a tout juste 40 ans paraissait à « L’école des loisirs » Une nouvelle maison pour la famille souris. Une vingtaine d’albums suivront: L’hiver de la famille souris, Les souris à la plage, le petit-déjeuner de la famille souris… Nul doute que des générations d’enfants du monde entier continueront à aimer la simplicité des dessins et des histoires, la douceur et la fraîcheur des couleurs et la présence centrale de la nature que Kazuo Iwamura aimait tant.
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