Les êtres humains ont pris conscience, bien tardivement, qu’ils étaient en train de détruire la planète où ils vivaient ou pour le dire de manière plus imagée de scier la branche de l’arbre de vie où ils sont installés.
Et depuis quelques années, le rythme de destruction s’est accéléré sous les coups de boutoir d’un capitalisme ravageur qui n’a aucune vision à long terme, aucune vision d’avenir.
Mais tous les êtres humains ne détruisent pas la planète et ce sont évidemment les pays les plus riches dont le bilan carbone est le plus désastreux.
L’homme vit à crédit depuis plus de cinquante ans et le jour du dépassement ( voir K61, 155 et 285 sur ce blogue en utilisant le moteur de recherche ci-dessous ) arrive chaque année plus tôt: cette année c’était le 1er août. En 207 jours, l’humanité a consommé plus de ressources qu’elle ne peut en générer en une année entière. Si tout le monde consommait comme les Français le jour du dépassement tomberait le 5 mai et nous aurions besoin de près de trois planètes. On peut se consoler en sachant qu’il en faudrait 5 pour les états-uniens et 9 pour les Qataris !
Ne comptons pas sur les ravageurs majeurs que sont les multinationales comme Total, Amazon, IKEA et consorts pour limiter les dégâts. On a cru que le Covid donnerait un coup d’arrêt à cette course folle mais cette parenthèse s’est vite refermée et les profits et les inégalités ont explosé .
Nous ne ferons pas l’économie – c’est le cas de le dire- d’un nouveau partage des richesses et il est réjouissant de voir le président de la MAIF donner l’exemple et verser 10% de ses résultats à la planète sous forme de contributions nommées « dividende écologique ». Yves Pellicier assume de faire le choix de la solidarité plutôt que de rémunérer les actionnaires ou renforcer sa trésorerie: « Dans un monde aux ressources limitées et frappé par le dérèglement climatique, le modèle économique actuel ne peut plus durer sans mettre en péril les citoyens qu’il est supposé servir. Il est donc rationnel, mais d’autant plus urgent, d’encourager la redistribution en faveur du climat. »
La réduction des inégalités à l’échelle planétaire ne suffira pas à elle seule à enrayer la destruction de la planète mais peut contribuer à ralentir le réchauffement planétaire , dont on voit chaque jour les effets dévastateurs. Rappelons à nouveau que notre trajectoire actuelle nous embarque vers une augmentation de 5,5° à l’horizon 2100. Chaud devant!
L’économiste français Gabriel Zucman affirme dans le rapport qu’il a réalisé à la demande de Lula, le dirigeant du Brésil, qui assure cette année la présidence du G20, qu’il est concrètement possible d’abolir les privilèges fiscaux des ultrariches: « il faut maintenant se mettre d’accord sur une imposition pour les très grandes fortunes. Les milliardaires doivent payer en impôts au moins 2 % de leur fortune chaque année. 2%, c’est un taux modeste quand on le compare : le taux de croissance de la fortune des milliardaires, de 1987 à 2024, a augmenté en moyenne de 7 % par an net de l’inflation quand la fortune moyenne a augmenté de 3 %. Aujourd’hui, les milliardaires paient au niveau mondial en moyenne 0,3 % de leur fortune en impôts. En passant de 0,3 % à 2 %, si leur fortune continue d’augmenter de 7 % par an, alors elle n’augmentera plus que de 5,3 %. (…) cela ne permettra pas de réduire les inégalités mondiales, cela ralentira seulement le rythme de leur accroissement. De ce point de vue, c’est limité et modeste, mais il faut bien commencer quelque part. Ce serait un pas de géant : avec seulement 3000 contribuables, cela rapporterait 250 milliards de dollars de recettes fiscales supplémentaires. »
De telles sommes permettraient de financer la décarbonation de l’économie, d’accélérer la rénovation écologique et d’aller dans le sens du combat des quelques milliardaires qui réclament eux-mêmes qu’on leur fasse payer des impôts au même titre que tous les citoyens, ce qui semble le comble du bon sens.
Laissons le dernier mot à Yves Pellicier, le président de la MAIF: « Alors que les Bourses du monde entier explosent chaque année leur record, imaginons un seul instant la puissance du dividende écologique à l’échelle du CAC 40 ? Mesdames et Messieurs les dirigeants d’entreprise, engagez-vous pour une économie militante! »
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