Nous avons savouré la parenthèse enchantée des Jeux Olympiques qui nous ont redonné un peu d’espoir. Nous avons vibré aux exploits d’athlètes fiers d’entonner la Marseillaise et de déployer sur leurs épaules le drapeau tricolore que l’extrême-droite a tenté en vain de confisquer pour nous faire croire que le repli sur soi et l’égoïsme étaient la solution à tous nos problèmes.
Cette période d’euphorie ne doit cependant pas nous faire oublier que notre petite planète, perdue au milieu de l’univers, comme les Nuits des Étoiles du mois d’août nous l’ont rappelé, est, par notre faute, bien mal en point: d’année en année elle se réchauffe comme nous le constatons encore en ce mois torride qui a succédé à une période d’inondations et nous avons encore en mémoire les torrents de boue et de pierres qui ont défiguré la belle vallée de la Bérarde dans les Alpes.
La pandémie avait laissé un peu de répit à la planète et certains avaient pensé que ce coup de semonce serait salutaire et que les terriens les plus riches prendraient conscience de la fragilité de notre si belle terre… et que nous n’en avons qu’une qu’il faut préserver si nous voulons que nos descendants puissent encore l’habiter. C’est ainsi que le jour du dépassement avait pour la première fois depuis longtemps reculé du 29 juillet au 22 août.
Hélas, notre course folle a repris et nous avons appris cette semaine que notre terre vit à crédit à nouveau depuis le 1er août: En 207 jours, l’humanité a consommé plus de ressources que la planète ne peut en générer en une année entière. En 1971, ce seuil calculé par l’ONG Global Footprint Network, le jour du dépassement était atteint le 24 décembre. Aujourd’hui, si tout le monde consommait comme nous, les Français, le jour du dépassement tomberait le 5 mai et il nous faudrait 2,9 planètes, un peu mieux que les États-uniens à qui il en faut 5. Le plus mauvais élève de la terre reste le Qatar qui “consomme” 9 planètes en un an! Le Luxembourg, paradis fiscal au cœur de l’Europe ne fait pas beaucoup mieux avec une date de dépassement atteinte dès le 15 février.
Au rythme actuel, nous courons vers un réchauffement planétaire de 5,5° à l’horizon 2100. Nous ne serons pas là pour vérifier mais nos petits-enfants, si !
Comme nous sommes en train de le constater nous entrons déjà dans le temps de la souffrance climatique: les inondations en Europe et en Chine, les incendies en Australie, en Grèce, au Portugal , dans l’Ouest américain et canadien… sont là pour nous le rappeler.
Notre inaction n’est pas inéluctable et si le climat était une banque, nous l’aurions déjà sauvé. Et nous avons su trouver beaucoup plus rapidement que prévu des vaccins pour enrayer la pandémie.
Quelques notes d’espoir cependant : deux états brésiliens, Santa Catarina et Parana, ont décidé sur leur territoire l’interdiction de la fracturation hydraulique et la banque européenne a “annoncé” qu’elle “souhaitait” arrêter totalement de financer les énergies fossiles. Les guillemets sont de moi!
Le WWF insiste sur les leviers d’action possibles. « S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, qui représentent 60 % de l’empreinte écologique mondiale, en les diminuant de 50 %, nous pourrions gagner 93 jours dans l’année, soit faire reculer le jour du dépassement en octobre », explique l’ONG. La division par deux de la consommation de protéines animales, elle, permettrait de gagner une quinzaine de jours par an. Dix jours pourraient encore être grignotés en divisant par deux le gaspillage alimentaire, avance encore le WWF, rappelant que 30 % de la production agricole mondiale est perdue ou gaspillée.
Même si le mode de calcul du jour du dépassement est parfois contesté, il est incontestable que le déficit écologique qu’il indique survient de plus en plus tôt. Il est salutaire qu’on nous rappelle chaque année l’impact croissant des activités humaines sur la biosphère.
Je fais le rêve que la France soit prochainement gouvernée par des êtres humains conscients que nous sommes en train de scier la branche sur laquelle nous sommes assis, que l’urgence est de limiter notre dépendance aux énergies fossiles, que le changement climatique et les inégalités se nourrissent réciproquement.
Dans un long entretien au quotidien « Le Monde » du 26 juillet, Esther Duflo, Prix Nobel d’économie – que je verrais bien à Matignon!- explique que la transition écologique est compatible avec la lutte contre la pauvreté et les inégalités et que les pays riches ont une dette climatique envers les pays du Sud.
Mes kaléidoscopeurs les plus attentifs auront remarqué que cette chronique reprend largement celles de 2019 et de 2021 ( voir ici K61 et 155. Rien de nouveau sous le soleil (de plomb) !
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