Le kaléidoscope de la semaine porte bien son nom: il sera constitué de fragments plus ou moins hétéroclites.
Il n’y aura pas de prix Nobel de littérature cette année, à cause des démissions en chaîne des membres du jury, suite à des accusations de harcèlement sexuel.
En revanche les Ig Nobel 2018 ont bien été décernés. L’Ig ( pour ignoble! ) Nobel récompense des études plutôt loufoques, primées cette année par un billet de 10 000 milliards de dollars zimbabwéens… dont la valeur est quasi-nulle à cause de l’hyperinflation dans ce pays d’Afrique.
Je ne détaillerai pas les dix catégories et me contenterai de signaler que l’Ig Nobel d’anthropologie a honoré une équipe qui a prouvé que, dans les zoos, les chimpanzés singeaient autant les humains que l’inverse.
Le prix sur la nutrition réjouira les végétariens puisqu’il prouve qu’un régime cannibale est beaucoup moins nutritif que n’importe quel autre régime .
L’Ig Nobel de médecine a couronné une “remarquable” étude qui s’interroge sur la nécessité d’aller sur des montagnes russes pour faire passer un calcul rénal !
Quittons le domaine de la “science improbable” : un article du Monde du 12 août nous permet de découvrir que les libellules migrent, comme les oiseaux et les chauves-souris.
On a équipé 14 libellules de radiotransmetteurs miniaturisés ( 0,3g). La distance moyenne parcourue est tout de même de 59 km par jour et l’une d’elle en a fait 150. Ces migrations peuvent tout de même atteindre 2000 km et des vitesses de 50 km/heure ont été enregistrées.
J’ai toujours été fasciné par les papillons et les libellules . Plusieurs jours de suite, l’an dernier à la même époque , l’une d’elles a évolué à vive allure dans le jardin mais je n’arrivais pas à l’observer de près jusqu’au jour où elle a eu la mauvaise idée ( pour elle) d’entrer dans la maison dont elle était incapable de sortir. J’ai pu ainsi la capturer et l’identifier: l’Æschne bleue est une vraie merveille, avec ses ailes nervurées et transparentes, sa taille imposante ( 10 cm d’envergure) et surtout la beauté de ses motifs bleus et verts . Mon captif était à l’évidence un mâle avec ses yeux bleus à 28000 facettes ( si, si, j’ai compté ! ) . Le lendemain j’ai cru qu’il voulait à nouveau visiter la maison , mais il s’agissait de madame, aisément reconnaissable avec ses yeux brunâtres et ses taches uniquement vertes sur l’abdomen. Monsieur et madame ont tourbillonné pendant plusieurs jours aux abords de la terrasse. Cette année, ils n’ont fait que de furtives apparitions .
Si vous vous intéressez aux libellules ( la sonorité du mot m’enchante et sa terminaison évoque pour moi les bulles de savon, transparentes comme leurs ailes, et qui comme elles, brillent au soleil.) le livre d’ Alain Cugno La libellule et le philosophe, est pour vous.
“Les libellules s’en vont, quittent, vont ailleurs, et cet ailleurs est justement ce qu’elles habitent, là où elles volent, maintenant. Elles sont le détachement même. Elles ne tiennent à rien, si ce n’est à s’en aller. Elles habitent leur départ- elles sont toujours déjà arrivées là où elles ne finissent pas de partir.”
Ne vous privez pas de cette réflexion poétique, de cette méditation sur le bonheur et la liberté. Avec de très beaux dessins de libellules en prime.
Évidemment, ces belles créatures sont , comme tous les insectes, menacées aussi bien par la pollution de l’air que de l’eau . On estime ainsi que plus de 75 % des insectes volants auraient disparu d’Europe en 30 ans.
Mais ce sera Victor Hugo qui aura le dernier mot!
La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l’étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux.
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