Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie d’en réaliser quelques uns.
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants.
Je vous souhaite de respecter les différences des autres parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir.
Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.
Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable.
C’est Le 1er janvier 1968, sur l’antenne d’une station de radio -à l’époque inventive et créative- Europe 1, que Jacques Brel a présenté ces vœux.
C’est dans ces périodes de fêtes, de vœux et de bonnes résolutions que l’isolement est le plus difficile à vivre et que les cellules d’écoute téléphonique sont saturées d’appels de détresse. Le beau et émouvant documentaire programmé mercredi sur France 2 (et disponible en replay) “Quelqu’un à qui parler” est là pour nous rappeler que “plus de 3 millions d’appels par an font retentir nuit et jour les lignes d’écoute et de soutien.”
La réalisatrice Anne-Sophie Reinhardt a posé ses discrètes caméras dans les centres d’appels de SOS crise, Suicide Écoute, Croix Rouge Écoute, et la plateforme Live où des professionnels de santé orientent les appelants. La force du documentaire est qu’il est centré sur l’écoute : on n’entend que les voix des “écoutants”, on entend leurs silences, on voit les visages cadrés au plus près, un battement de paupières…l’intensité de la détresse de ceux qui appellent dans leur nuit est palpable. On est ému de voir des femmes et des hommes qui donnent de leur temps à ceux qu’on n’écoute pas. On est ému de comprendre, qu’à l’autre bout du fil, Suzanne entend prononcer son prénom pour la première fois depuis trois ans. On comprend que ces êtres humains à l’écoute ouvrent des failles dans l’enfermement de ces personnes isolées.
“C’est renoncer à dire sa souffrance qui est l’extrême souffrance” dit l’un de ces bénévoles qui rappelle que souffrir n’est pas une pathologie et qu’elle est le destin commun aux êtres humains.
La réalisatrice a ramené de cette plongée de plusieurs mois dans l’univers feutré de ces lieux d’écoute, de cette centaine d’heures de rushs, 55 minutes de profonde humanité. Avec délicatesse elle nous fait toucher du doigt la nécessité absolue de l’écoute et nous invite à être attentif à la détresse et à l’isolement -aggravés par la pandémie et les confinements- des êtres humains que nous croisons souvent. On ne mesure pas toujours qu’un regard et un sourire peuvent ouvrir de petites fenêtres et atténuer ce sentiment d’abandon.
Les séquences d’appel ont été tournées majoritairement la nuit, ces moments de solitude et de silence où monte l’angoisse et les plans d’extérieur de la ville nocturne entrecoupent les témoignages et renforcent ces sentiments d’abandon.
Et pour paraphraser le titre du beau livre de Colum McCann j’ajoute aux vœux de Jacques Brel le souhait que notre vaste monde ne poursuive pas sa course folle.
En espérant faire mentir l’aphorisme du toujours optimiste Lichtenberg (à qui j’avais consacré mon 60e kaléidoscope à retrouver ci-dessous grâce à l’excellent moteur de recherche!). “Janvier est le mois où l’on offre ses meilleurs vœux à ses amis. Les autres mois sont ceux où il ne se réaliseront pas.”
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