Mon kaléidoscope de samedi dernier consacré à l’anthologie “L’amour en poésie” vous a inspirés: Merci à Christian qui m’envoie un poème de Sabine Sicaud, poétesse fauchée par une terrible et douloureuse maladie à 15 ans en 1928. On est dans la même urgence d’écrire qu’Alicia Gallienne.
Joël Vernet m’envoie à nouveau un très beau poème sur les coquelicots… et un texte inédit écrit il y a quelques jours à Zagreb. Je vous laisse découvrir ces textes sur le blogue, un bonus de fin d’année en quelque sorte, en complément de mon 212ème envoi.
Noël n’est pas une fête joyeuse pour tous les enfants, comme nous le rappelle le “Rapport sur la pauvreté en France” publié début décembre par l’observatoire des inégalités.
En 96 pages, ce troisième rapport nous rappelle la terrible réalité : “les enfants et les adolescents comptent pour près d’un tiers des 5,2 millions de personnes situées sous le seuil de pauvreté alors qu’ils ne représentent que 20 % de la population totale en France. Une personne pauvre sur deux a moins de 30 ans.” L’observatoire décrit deux catégories: ” les jeunes adultes, souvent en difficulté d’insertion sur le marché du travail et les enfants qui subissent la pauvreté de leurs parents.” Ce qui est intolérable dans notre pays où les riches sont de plus en plus riches, c’est que le taux de pauvreté des mineurs se dégrade, passant de 8,7 % en 2004 à 11,5 % en 2019 (chiffres de l’INSEE). Cette pauvreté des mineurs “est la conséquence de l’importance de la pauvreté des familles monoparentales -essentiellement des femmes seules avec enfant(s)- qui représentent un quart des très pauvres contre 10 % de la population.” On estime que les mineurs seraient des milliers à dormir à la rue et l’ UNICEF France constate que 40 % des personnes hébergées en urgence par le 115 sont des enfants…et près d’un sur trois a moins de trois ans! Dans un entretien recueilli par Amandine Cailhol (par ailleurs auteur d’un très bon article publié ce mercredi 7 décembre dans le quotidien Libération) Adeline Hazan, la présidente de l’UNICEF France nous rappelle des réalités qu’on préférerait oublier en cette veille de festivités: “Les droits de l’enfant ne sont toujours pas une priorité nationale et Emmanuel Macron n’a pas répondu à notre demande, portée avec d’autres associations, de créer un ministère des Droits de l’Enfant. Certains disent que c’est un gadget, qu’un ministère ou un secrétariat d’État, c’est pareil. C’est faux! Un ministre de plein exercice est au conseil des ministres, il définit une stratégie globale. Là, il n’y a pas de stratégie nationale pour l’enfance, ça n’existe pas.” Peut-on accepter, en 2022, que près de 6000 enfants vivent en bidonville ?
Peut-on accepter qu’un enfant sur 10 soit victime de négligence ou de violence psychologique ?
Peut-on accepter qu’un tiers des enfants de 6 à 18 ans déclarent souffrir de troubles psychologiques? Adeline Hazan préconise “une politique proactive de construction de logements sociaux avec affectation prioritaire aux familles avec enfants” et conclut par ces mots “si on ne donne pas une priorité à une politique des droits de l’enfant -le droit à une vie digne, une vie familiale- on ne réglera pas la question de leur pauvreté.
Pour terminer l’année ( prochain kaléidoscope le samedi 7 janvier) sur une note optimiste, je vous invite à voir et à revoir Green Book, le film pour lequel le réalisateur Peter Farrely a obtenu en 2018 l’Oscar du meilleur film de l’année. Ce film doucement militant raconte l’amitié de Don Shirley, jazzman afro-américain et de Tony Lip, son chauffeur blanc, videur de boîte gentiment raciste dans le sud ségrégationniste des Etats-Unis en 1962. Ce film sensible, juste et drôle est tiré d’une histoire vraie et son humanisme à la Frank Capra nous fait du bien. Vigo Mortensen, à contre emploi dans le rôle de Tony Lip, dit dans un magnifique entretien paru dans Télérama :” Le racisme et La ségrégation font non seulement partie de l’histoire des États-Unis, mais aussi de l’humanité entière. Le film fait prendre conscience de cela: la différence de peau ne cessera jamais d’être un problème entre les humains.(…) Aucune génération ne peut faire l’économie de lutter, individuellement et collectivement, contre les discriminations.
” Tout le film tourne autour de l’amour, du fait de nous aimer les uns les autres malgré nos différences ” a ainsi résumé le réalisateur Peter Farrely en recevant son oscar.
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