Comme promis mon kaléidoscope sera, cette semaine, “palindromique”. J’ai toujours aimé ce “divertissement” remis au goût du jour par l’Oulipo (ouvroir de littérature potentielle) dans les années 60 et 70 à l’instigation, entre autres oulipiens, de Georges Perec et Raymond Queneau. L’Oulipo est aujourd’hui présidé par Hervé Le Tellier.
Le mot palindrome vient du grec palindromos signifiant qui revient sur ses pas ou qui court en sens inverse: c’est un mot -ou un groupe de mots- qui peut être lu indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche en conservant le même sens.
Le palindrome semble avoir été inventé par le poète grec Sotades en 300 av. J.-C.
“In girum imus nocte et consumimur igni” est un palindrome attribué à Virgile. Il peut être ainsi traduit :”nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu” (en parlant des papillons de nuit). C’est aussi le titre d’un film de Guy Debord tourné en 1978.
Pour en revenir à ses origines grecques, on peu citer l’une des phrases palindromiques les plus connues: “Ésope reste ici et se repose”.
On retrouve le palindrome dans toutes les langues et Wikipédia nous en donne de beaux exemples, comme “atar a la rata” (attacher le rat) de l’écrivain argentin Julio Cortazar.
Au fil des siècles, en voici quelques échantillons:
Cyrano de Bergerac: “À révéler mon nom, mon nom relèvera”
Victor Hugo: “Tu l’as trop écrasé, César, ce Port-Salut” ou “Et la marine, papa, va venir à Malte” ( et deux alexandrins! Deux!) Charles Cros: “Élu par cette crapule”
Louise de Vilmorin: “la mariée ira mal”
Alain Damasio: “Engage le jeu que je le gagne”
Matthieu Godbout: “Caser vite ce palindrome ne mord ni lape cet ivre sac”.
Et à tout seigneur tout honneur “Ce reptile relit Perec” de … Georges Perec qui a longtemps détenu le record du plus long palindrome: 5566 lettres en 1969! Je ne résiste pas au plaisir de vous citer le début: “Trace l’inégal palindrome. Neige. Bagatelle, dira Hercule. Le brut repentir, cet écrit né Perec. L’arc lu pèse trop, lis à vice versa…” La suite (un tantinet capilotractée!) dans l’ouvrage collectif de l’Oulipo “La littérature potentielle” (Folio Essais).
Le record a été pulvérisé en 2020 par Jacques Perry-Salkow et Frédéric Schmitter qui en ont commis un de 10 001 lettres!
Merci Cécile, France et Jean-Paul pour vos palindromes: Hannah, sagas, rêver ( mon préféré) et ressasser, le plus long mot palindromique de la langue française. Hélène a attiré mon attention sur cette phrase de Sylvie Germain tirée de son livre, “Le vent reprend ses tours” constituée d’une petite vingtaine de mots “palindromiques”. “Hé, père Ubu, il faut pas vivre sans radar sur son erre, ni ressasser des sagas sans rotor ou relater ici le même gag, non, non mieux vaut se lever tôt sur un air pop et rêver de faire du kayak en été à Kodok, coiffé d’un bob et plein de pep, un ara sur l’épaule qui crie tut-tut.”
Et maintenant à vous de jouer… et d’ajouter vos trouvailles sur le blogue (ci-dessous)
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