Merci de votre lecture attentive de mon dernier kaléidoscope. Tout d’abord merci à Philippe qui me signale que c’est Antoine Pol et non Antoine Paul, l’auteur du poème “Les passantes”. Merci à André qui nous apprend que Brassens a supprimé deux strophes et merci à Hélène qui nous offre le texte émouvant dans lequel Sorj Chalandon imagine l’histoire douloureuse de certaines de ces passantes.
Toutes ces précisions sont à retrouver sur le blogue en complément de mon 203ème kaléidoscope.
Dès mon premier envoi, j’ai souhaité que ces chroniques hebdomadaires suscitent vos commentaires, vos réactions et que vous n’hésitiez pas à les transférer à vos amis si vous les trouvez dignes d’intérêt.
La 14e édition du Festival Lumière va fermer ses écrans ce dimanche soir. Pendant une dizaine de jours les cinéphiles ont pu voir des centaines de films, dans plus de 50 salles de Lyon et de sa région, présentés par des réalisateurs des acteurs, des critiques … en bref, par des amoureux du cinéma à l’image de Bertrand Tavernier qui est à l’origine de ce festival avec Thierry Frémaux toujours à la manœuvre, entouré de centaines de bénévoles disponibles et accueillants sans lesquels cette magnifique fête du cinéma n’existerait pas. En 2019, ce sont près de 200 000 festivaliers qui ont assisté à la projection de 182 films en 449 séances. Au vu du succès des séances cette année on peut imaginer que la barre des 200 000 sera franchie.
Quel plaisir d’échanger avec ses voisins de la file d’attente nos impressions sur les films que nous avons vus.
Quel plaisir de se retrouver ensuite avec des amis pour partager nos émotions, nos déceptions, et même nos désaccords. C’est parfois dans le feu de la discussion que nous découvrons des arguments pour défendre (ou descendre!) un film.
Quel plaisir de repenser à tous les films qu’on a vus en une semaine -certains boulimiques voient cinq ou six films par jour- et de laisser infuser en nous images et personnages. Quel plaisir de voir des milliers de lycéens invités à des projections et à voter pour leurs films préférés.
Quel plaisir d’applaudir -comme au théâtre- à la fin de chaque séance.
Il faut espérer que cette fête du cinéma fera retrouver le chemin des salles obscures à ceux qui l’ont perdu en raison de la pandémie et du confinement: le mois de septembre a enregistré le niveau le plus bas de fréquentation des salles depuis plus de 40 ans!
Il faut espérer que la brèche dans laquelle se sont engouffrées les plateformes de streaming ne va pas engloutir la formidable diversité de l’offre au profit des blockbusters qui n’en ont pas besoin.
Il faut espérer que l’appel à des “États généraux du cinéma” sera entendu par les pouvoirs publics qui n’envoient pas de signaux très positifs en supprimant la redevance, menaçant ainsi les investissements des chaînes publiques dans le cinéma indépendant.
Le Festival Lumière met… en lumière la vertigineuse diversité de l’offre de films. On revoit des films qu’on avait oubliés, et surtout, on découvre des pépites comme ce film puissant d’un réalisateur américain qui n’a tourné que deux films: Michael Roemer est un juif allemand né en 1928, émigré aux USA après la guerre. Il a tourné en 1963 Nothing but a Man ( Un homme comme tant d’autres ). Dès les premiers plans, on est saisi par la beauté du noir et blanc et la maîtrise de la lumière. Dans l’Alabama des années 60, un couple afro-américain fait face au racisme ordinaire et à la résignation des noirs à qui on rappelle qu’ils sont les descendants des esclaves. Nul doute que ce regard empathique sur les victimes de la ségrégation résonne avec la vie du cinéaste, contraint de fuir son pays gangrené par l’antisémitisme. Le spectateur d’aujourd’hui ne peut pas oublier que les années 60 seront celles du combat des noirs contre la ségrégation et des assassinats de Martin Luther King et de Malcolm X qui avait aimé le film.
C’est là le rôle irremplaçable du festival Lumière que de faire renaître des films complètement oubliés.
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