Cela faisait quelques mois que ce livre essayait d’attirer mon attention, sur les tables des libraires , avec son titre énigmatique Taqawan et ce saumon boudeur qui semble vouloir s’élancer au-delà de la page de couverture. Et par le biais d’articles de presse, tous très élogieux. Et puis le festival America invitant son auteur, Eric Plamondon, je me suis empressé de proposer d’animer une rencontre avec lui.
La quatrième de couverture annonce d’emblée la couleur : ” Ici on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains”.
Ici c’est au Canada, précisément sur la réserve de Restigouche où ce 11 juin 1981, débarquent 300 policiers québécois pour se saisir des filets des Indiens mig’maq. Une véritable condamnation à mort pour cette communauté pour qui la pêche au saumon est à la fois une pratique ancestrale et son principal moyen de subsistance.
La narration de ce “roman” est très originale : écrit en courts chapitres, on passe de l’histoire de ce qui ne s’appelait pas encore le Québec, on remonte même jusqu’aux Vikings et aux Basques, le récit mélange allègrement personnages réels et fictifs. Cette narration par touches successives mélange aussi les genres: on passe du roman noir à la passionnante description des mœurs des saumons, du récit ethnologique expliquant comment les “Indiens”, ces sauvages, ont sauvé la vie à leurs premiers envahisseurs européens au destin d’Oceane, une amérindienne de 15 ans victime de la violence des blancs.
Taqawan, au-delà d’une ode à la nature est une plongée dans une réalité que nous connaissons mal: “Ma vision de la littérature, c’est que c’est le seul endroit où tu peux avoir la totalité du discours et des points de vue sur un même sujet . Cela permet d’en montrer la complexité et de renvoyer le lecteur à cette complexité, de la mettre sur la table, de la faire exister ” dit Eric Plamondon dans le journal québécois “La presse “.
Taqawan est un livre qui vous emporte comme le courant de la rivière Ristigouche!