“On creuse sa tombe avec ses dents” affirme un vieux proverbe que vous connaissez certainement. Hippocrate, le célèbre médecin grec, disait de manière plus positive “que ton aliment soit ton seul médicament”.
Ces maximes anciennes n’ont pourtant jamais semblé aussi terriblement actuelles.
Aujourd’hui, sur notre encore belle planète, deux milliards de personnes sont obèses ou en surpoids, et la pandémie, en réduisant nos mouvements et en nous assignant à résidence, n’a rien arrangé. On estime qu’en 2030, autant dire demain, la moitié des terriens seront obèses ou en surpoids. Le diabète, les maladies cardiovasculaires et les cancers liés à la malbouffe vont exploser.
Dès aujourd’hui l’obésité provoque 2,8 millions de décès chaque année, 6850 morts par jour…et il semblerait que ces chiffres soient sous-estimés.
L’obésité est la principale cause de mortalité évitable, car elle est la principale conséquence de la consommation de boissons ultra sucrées et d’aliments ultra transformés que les géants de l’agroalimentaire ont réussi à imposer au monde entier à grand renfort de publicités mensongères.
“Un monde obèse”, le remarquable documentaire de Sylvie Gilman et de Thierry de Lestrade rediffusé cette semaine sur Arte: https://tv-programme.com/un-monde-obese_documentaire/replay/un-monde-obese_5e8c0a27eca65
démonte les stratégies de marketing et de lobbying de ces multinationales qui se comportent comme des dealers de drogue, aussi conscients de la nocivité de leur “junk food” que les fabricants de cigarettes ou de pesticides.
Des témoignages accablants montrent qu’ils sont prêts à intimider et menacer physiquement ceux qui s’opposent à leur mortifère business.
Le reportage a le mérite de montrer que l’obésité n’est pas une fatalité.
Au Mexique, des associations ont réussi, malgré les pressions, à imposer en 2014 une taxe sur les sodas qui en a fait reculer la consommation.
Au Chili, sur la troisième marche du podium mondial de l’obésité, une loi interdit désormais la publicité pour les produits les plus mauvais pour la santé et un étiquetage les déconseille.
Et en France, me direz-vous ? Où l’obésité concerne tout de même 17% des adultes! Rien…ou presque. Le “nutriscore” -système d’étiquetage à cinq niveaux de A à E- classant les aliments du plus au moins sain, recommandé par l’O.M.S. et ardemment défendu par les associations de consommateurs, n’est toujours pas obligatoire: les industriels de la malbouffe n’en veulent pas.
Et comme d’habitude ce sont les plus pauvres qui trinquent! Plus d’un tiers des SDF américains sont obèses: mode de vie sédentaire, manque de sommeil et stress sont des éléments aggravants de l’obésité.
Comment ne pas se révolter contre un monde où des millions de personnes meurent d’obésité et où, dans le même temps, un habitant de la planète sur neuf souffre de la faim? Toutes les cinq secondes un enfant de moins de dix ans meurt de faim. Chaque jour, 100 000 personnes meurent de faim ou des suites de la faim…
Le gel nous a privés du convivial “temps des cerises” mais le printemps est tout de même là et les tilleuls en fleurs bourdonnent d’abeilles et nous embaument.
“Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin” écrit Arthur Rimbaud à 17 ans.
Roman
I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –
A des parfums de vigne et des parfums de bière…
II
– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
– Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…
Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
– Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…
– Ce soir-là…, – vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
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