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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 144: Essentielle bibliodiversité.

Depuis plus de vingt ans, le samedi qui suit la Sant Jordi (la Saint Georges) les libraires indépendants de France (et de Navarre!) sont à la fête. Ce jour-là (célébré en Catalogne depuis 1926, l’année du 310ème anniversaire de la mort de Cervantès… et de Shakespeare), ils offrent une rose et un livre. Cette fête de plus en plus populaire, aujourd’hui reconnue par l’Unesco comme la journée du livre et du droit d’auteur est célébrée dans plus de 80 pays. Cette année, ce samedi 24 avril, le livre offert revient sur les 40 ans de la loi sur le prix unique du livre, dite loi Lang et qu’on aurait pu aussi appeler loi Lindon, tant le directeur des éditions de Minuit s’est battu pendant des années pour l’imposer.
Lorsque nous avons créé la librairie Lucioles en 1976, nous étions sous le régime du “prix conseillé” par l’éditeur, les grandes surfaces et la Fnac ne se privant pas de faire des rabais de 20 à 35 % sur les livres qui se vendaient le plus comme le “Petit Larousse” ou le Quid, réactualisés chaque année. Je vous parle d’un temps où aucune librairie n’est informatisée (Lucioles, parmi les premières, le sera en 1993) et où chaque livre est affublé de sa fiche d’identité. Internet n’existant pas, la vente en ligne n’est pas un problème ! ” Le monde a bien changé, sais-tu!” comme disait, avec son inimitable accent, le chanteur Julos Beaucarne qu’on n’entend plus du tout.
Mais revenons à nos moutons et à notre voyage au siècle dernier. En 1979, sous la présidence de Giscard, l’arrêté Monory (nom du ministre des finances – et pas de la Culture, ce qui en dit long- ) instaure un “prix libre” … qui fera galoper de plus belle un discount ravageur… jusqu’à l’arrivée, deux ans plus tard, de la gauche au pouvoir… et de la loi Lang que nous fêtons aujourd’hui et qui a permis le maintien et le développement d’un réseau de librairies unique au monde.
Pour cette 23ème édition le livre “Que vive la loi unique du prix du livre!” vous sera offert dans toutes les librairies participantes.
Il rappelle opportunément que cette loi a été combattue pendant des années par les hypermarchés (surtout les centres Leclerc) et la Fnac qui vont utiliser d’invraisemblables arguties pour la saboter. Édouard Leclerc allant jusqu’à dire : “La loi Lang , on s’en moque, on continue! Et le jour où l’on nous obligera à des amendes contraires au libéralisme, on ira mettre à sac quelques librairies “.
Je me souviens, en 1982, d’avoir entendu dans une grande surface où je faisais des courses, annoncer par hauts-parleurs une “vente flash” pendant une demi-heure avec 25 % de rabais sur l’ensemble des livres. Je crois que c’est le seul jour où j’ai acheté une B.D. ( un Blueberry me semble-t-il) dans la grande distribution pour faire condamner le magasin à une forte amende grâce à mon ticket de caisse transmis à l’avocat de notre syndicat de libraires.
Les grandes surfaces ont perdu cette guérilla et tout le monde reconnaît aujourd’hui que la loi sur le prix unique permet que continuent à se vendre des livres à petit tirage, de la poésie, des sciences humaines, une littérature exigeante. “En empêchant le discount la loi a remplacé la concurrence sur le prix par une concurrence sur la qualité du service.”
Le premier confinement, il y a tout juste un an, a vu se fermer toutes les librairies. Il a permis de prendre conscience de leur rôle ESSENTIEL. Dès leur réouverture elles ont connu un incroyable mouvement de sympathie qui ne s’est toujours pas démenti. Puissent ces irremplaçables lieux de rencontres, de lien social et de convivialité continuer à faire vivre et embellir la bibliodiversité.

Toutes mes excuses à Joël Vernet pour les fautes qui se sont “glissées” dans le texte dédié à Ahmet Altan repris à la fin de mon dernier kaléidoscope. Je les ai corrigées sur ce blogue.
J’en profite pour vous conseiller les deux derniers livres de Joël, douloureusement traversés par la mort de son père lorsqu’il avait dix ans: “Mon père se promène dans les yeux de ma mère” et “La nuit n’éteint jamais nos songes”.

J’aime beaucoup le texte que m’a envoyé Bernard à la suite de mon 142ème kaléidoscope consacré aux oiseaux; retrouvez-le à la fin de mon article: la présence des oiseaux peut raviver le souvenir de ceux qui les aimaient.


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