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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 112: Cinéma. Adolescentes… Alberto Manguel.

Et si on retournait au cinéma ?
Le moins qu’on puisse dire c’est que l’été a été meurtrier pour les salles obscures et on espère que l’automne sera plus serein.
De nombreux films qui devaient sortir en mars ou avril sont programmés en septembre.
Cette semaine un documentaire sort vraiment du lot. Sébastien Lifshitz a suivi pendant cinq ans, de l’âge de 13 ans à l’âge de 18 ans, deux adolescentes de Brive-la-Gaillarde, deux amies dissemblables et pourtant si proches. Emma et Anaïs sont de milieux très différents : l’une est issue de la bourgeoisie et l’autre d’un milieu défavorisé ; mais elles sont unies par une profonde amitié depuis la sixième et sont scolarisées dans le même établissement.
Une fois par mois, pendant cinq ans Sébastien Lifshitz et son équipe de tournage les ont filmées, avec tact et délicatesse. Il est évident, à la vision du film, qu’ils ont su installer un climat de confiance. Le spectateur a le sentiment d’avoir vécu à leurs côtés: les petits riens de la vie, les fous rires, les joies et les angoisses, les rapports difficiles avec des parents, trop laxistes d’un côté, trop rigoureux et intrusifs de l’autre. L’écart social sera déterminant dans le parcours des deux amies: Emma, bonne élève, envisage une carrière artistique mais Anaïs a une scolarité plus difficile car elle doit se débrouiller seule.
“La beauté du monde ne tient-t-elle pas dans le fait que chaque individu est unique ? Arriver à s’accomplir, à être soi, un être libre : voilà ce que je recherche dans mes films. Et aussi dans ma vie.” Ce sont les derniers mots de Sébastien Lifshitz dans le bel entretien qu’il a accordé à Télérama cette semaine. Adolescentes est un film à voir pour mieux comprendre les aspirations d’une génération.

Heureux habitants de VIENNE et de sa région, réjouissez-vous de pouvoir profiter de notre festival CinéClap !
Du 16 au 22 septembre nous vous proposons de voir sept films, tous en V.O. ( les horaires sont sur le site de l’Amphi mais vous pouvez aussi vous abonner à notre niouze laitière!).
Et pour commencer, jeudi 17 septembre à 19 heures, une soirée spéciale présentée par Pierre Domeyne, incomparable cinéphile : Be Natural, l’histoire cachée d’Alice Guy-Blache est un passionnant documentaire américain sur la première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma.
Je vous conseille aussi vivement deux films aussi intenses et tendus l’un que l’autre: Madre évoque la disparition à six ans du fils d’Elena … qui rencontre 10 ans plus tard un adolescent qui lui rappelle son fils. Marta Nieto qui incarne Elena est formidable d’intensité silencieuse.
Et Benni dont je dirai deux mots la semaine prochaine …

Pour terminer sur une note moins grave ( quoique !) allez voir le dernier opus des deux allumés du cinéma français Benoît Delépine et Gustave Kerven.

Effacer l’historique, avec Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero.
De quel historique s’agit-il ? Tout simplement celui des traces que nous laissons sur l’internet, à la disposition des GAFA, que nous le voulions ou non.
Pour traiter de la déshumanisation de notre monde qu’entraîne la dépendance aux technologies numériques, Benoît Delépine et Gustave Kerven mitonnent les ingrédients dans leur chaudron habituel : mélange de liberté, d’humour, d’audace, avec des comédiens irrésistibles incarnant des voisins d’un lotissement de province aux prises avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux .
Effacer l’historique est un film dramatique sur les nuisances du système, mais joyeux sur les gens. Haro sur les GAFA !
Inspiré par le mouvement des gilets jaunes, le film devait initialement sortir le 22 avril 2020. il a été rattrapé par la crise du coronavirus. Il raconte donc un avant. Sans aucun doute, une raison de plus pour aller le voir après !
J’ai trouvé la dernière image d’une flopée de satellites de surveillance tournant inexorablement autour de la planète particulièrement forte.

Je vous ai parlé dans mon dernier kaléidoscope d’Alberto Manguel et j’évoquais sa fabuleuse bibliothèque installée dans les années 2000, dans le presbytère du village de Mondion, dans le Poitou. À la suite du départ d’Alberto Manguel à Buenos Aires elle était entreposée, depuis de nombreuses années, dans des cartons et dans une grange à Montréal, au grand désespoir d’Alberto Manguel qui avait consacré en 2018 un livre à ce remballage déchirant : Je remballe ma bibliothèque (Actes Sud) était, encore une fois l’occasion pour Alberto de parler de ses livres de chevet comme le Quichotte ou La Divine Comédie.
Alberto Manguel a fait don de cette bibliothèque à la ville de Lisbonne. Elle sera installée dans le Palacete dos Marqueses de Pombal où un centre de recherche sur l’histoire de la lecture va être créé .
C’est aujourd’hui, le 12 septembre, lors de la Foire du livre de Lisbonne que sera signé le protocole entre Alberto Manguel et la municipalité : ” Accueillir à Lisbonne la merveilleuse bibliothèque d’Alberto Manguel est une grande fierté et un symbole pour Lisbonne, ville d’ouverture et de tolérance.” a déclaré le maire de la ville.
Les amoureux des livres et de la lecture auront donc une raison supplémentaire de découvrir ou de retrouver le chemin de cette ville fascinante qu’est Lisbonne.


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