La création d’une revue est à marquer à chaque fois d’une pierre blanche.
  À la librairie, nous avons soutenu, avec enthousiasme, dès le premier numéro en 2008, la revue XXI dont nous attendions avec impatience, chaque trimestre, le nouveau numéro, à chaque fois plein à craquer de reportages au long cours, de récits graphiques, de photo-reportages, 200 pages sans aucune publicité pour arpenter le monde, raconter ses conflits, ses espoirs et désespoirs, ses aventures humaines.
 Pendant les quatre ans du calamiteux mandat de qui vous savez, la revue America nous a permis, elle, de mieux comprendre les États-Unis.

  « Née de l’envie de mieux appréhender un monde qui nous dépasse, Kometa se tourne vers l’Est, un territoire immense, quinze fuseaux horaires » c’est ainsi que Léna Mauger, sa co-fondatrice et rédactrice en chef présente cette revue trimestrielle de 208 pages dont le premier numéro ayant pour thème l’impérialisme vient de paraître.
Comme pour la revue XXI -dont Léna Mauger a été rédactrice en chef- la photo tient une place capitale: le photo reportage d’Alyona Rodionova, un des rares photojournalistes russes ( obligé d’utiliser un pseudonyme) est intitulé « Aux armes, et cætera » et documente depuis 2022 la militarisation de la société russe qui formate les esprits pour la guerre.

   La poétesse ukrainienne Luba Yakymtchouk a grandi dans le Donbas, à l’ombre d’un pommier et raconte l’occupation de la maison de ses parents par un militaire. Son reportage est intitulé : « un soldat russe dort dans ma maison. »

   Dans « Prions pour nos guerriers », l’écrivain d’origine russe Iegor Gran raconte le soutien de l’église orthodoxe à la guerre de Poutine: « on voit des popes bénir chars,  obus et chair à canon, tandis que d’autres, dans leurs homélies, sur la ligne de front, exhortent à la cruauté. » et il ajoute que « la soumission de la femme à son sort, surtout quand il est tragique, est en phase avec ce que l’église russe s’efforce de distiller depuis vingt ans. »

   Alexeï Gorinov, 61 ans, est le premier Russe condamné pour s’être opposé à la guerre. Depuis sa cellule il raconte.

   Le reportage au long cours d’Emmanuel Carrère intitulé Un roman géorgien est aussi passionnant que ceux qu’il a publiés dans XXI il y a quelques années: il part à la rencontre de sa cousine Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie et raconte l’histoire d’un pays méconnu, « un pays que Vladimir Poutine a tenté d’envahir il y a quinze ans, dont il a déjà bouffé un cinquième, et qui, après l’Ukraine, est peut-être le prochain sur la liste. » et Emmanuel Carrère d’ajouter « sans que le monde s’en émeuve, et le monde aujourd’hui le regrette, parce que c’était avec quatorze ans d’avance, la maquette de ce qui se passe en Ukraine, et si on avait réagi alors, on n’en serait peut-être pas là. » Mais le gros problème est que ce pays de 70 000 km2 où vivent 4 millions de personnes  qui voudrait s’affranchir de la Russie est la propriété d’un oligarque pro-russe appelé Bidzina Ivanichvili !

   Il se trouve que la 7ème édition du festival Un week-end à l’est est consacré à Tbilissi, la capitale de la Géorgie et se tient à Paris du 22 au 27 novembre. Une carte blanche à Emmanuel Carrère aura lieu mardi 22 novembre à 18h aux Beaux Arts. Tout le riche programme est à retrouver ici:  weekendalest.com.

  Nous aurons à Vienne un écho de ce festival avec la venue de l’écrivain géorgien Iva Pezuashvili qui a écrit Le bunker de Tbilissi , un roman explosif sur la période post soviétique, montrant la complexité des liens de la Géorgie avec la Russie le mardi 28 novembre à 19h à la librairie Lucioles.

   Mais, me direz-vous, pourquoi cette belle revue s’appelle-t-elle Kometa?

Kometa signifie « comète » en ukrainien, en russe, en tchèque, en macédonien, en tadjik, en tatar et dans des dizaines d’autres langues à travers la planète. Kometa veut apporter une lumière vers le monde qui se lève et nous souhaitons que sa lueur soit de plus longue durée que celle d’une étoile filante.

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