-Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? Ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
-Je n’ai ni père , ni mère, ni sœur, ni frère.
-Tes amis ?
-Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
-Ta patrie ?
-J’ignore sous quelle latitude elle est située.
-La beauté ?
-Je l’aimerais, volontiers, déesse et immortelle.
-L’or?
-Je le hais comme vous haïssez Dieu.
-Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
-J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas … là-bas… les merveilleux nuages!
Bel hommage de Charles Baudelaire aux nuages qui font depuis toujours partie de notre univers.
Les enfants, ces grands lecteurs du ciel, les regardent avec émerveillement et ils sont une invitation permanente au rêve et à l’imagination.
Nous avons vu dans ces formes changeantes, mouvantes et émouvantes des animaux fabuleux ou familiers ( Ne dit-on pas que les nuages moutonnent ?!)
Nous y avons cherché des silhouettes ou des visages.
Au moment où j’écris ces lignes, je vois une longue écharpe blanche envelopper les arbres dans la vallée.
Mais pour en revenir à des considérations plus terre à terre -si on peut dire- à une époque de graves changements climatiques, les nuages sont scrutés avec beaucoup d’attention par les scientifiques, et sont pourtant loin d’avoir livré tous leurs mystères comme en témoigne la une de Libération du 1er octobre:
CLIMAT
LA VIE SECRÈTE DES NUAGES
L’article d’ Anaïs Moran nous apprend que les nuages bas, épais et opaques, sont comme des parasols qui réfléchissent une partie du rayonnement solaire et tendent à rafraîchir le climat alors que les nuages hauts et froids ont au contraire, un notable effet de serre. Cependant le rôle refroidissant l’emporte globalement sur l’effet de serre mais dans l’hypothèse d’un réchauffement planétaire de 3,5 %, le GIEC estime que 1% de hausse de température pourrait être attribué au comportement des nuages.
Mais le comportement des nuages -qui demeurent des ovnis scientifiques- garde sa part de mystère. Leurs noms eux-mêmes, cumulus, cirrus, stratus, altocumulus, cirrocumulus, cirrostratus, stratocumulus… ont un petit quelque chose de nébuleux à l’image des nimbus qui ont donné leur nom au héros d’une bande dessinée presque centenaire, le professeur Nimbus, savant distrait ayant la tête dans les nuages.
Mais avoir parfois la tête dans les nuages ne doit pas nous conduire à nous couper du monde et à rester sur notre petit nuage.
La révolutionnaire Rosa Luxembourg en était consciente lorsqu’elle écrivait: « Je me sens chez moi dans le vaste monde partout où il y a des nuages, des oiseaux et des larmes. »
La tête dans les nuages et les pieds sur terre, terminons par un haïku de Bashô:
Les nuages parfois
viennent reposer les gens
d’admirer la lune.
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