« Nous souffrons d’un mal incurable: l’espoir ». Ainsi parlait le grand poète palestinien Mahmoud Darwich à qui nous avons rendu hommage cet été à Vienne dans la 31ème édition de «Lettres sur cour» ( voir ici K235)
Cette phrase est mise en exergue du nouveau film de Roland Nurier qui était venu il y a quatre ans à Vienne présenter LE CHAR ET L’OLIVIER, son remarquable film documentaire sur l’histoire de la Palestine, nourri de documents d’archives et de témoignages d’historiens, de diplomates et de simples citoyens. Un regard indispensable loin des clichés et des idées reçues.
Roland Nurier revient à Vienne pour présenter en avant-première son nouveau documentaire YALLAH GAZA qui ambitionne de démystifier les préjugés sur ce petit territoire palestinien où vivent plus de 2 millions de personnes sur 360 km2.
Le film est nourri, comme le précédent, de nombreux témoignages: des habitants de Gaza y parlent de leur quotidien, de leur sentiment d’être abandonnés du monde. Mais eux n’abandonnent pas! Et on est admiratif de leur rage de vivre et de leur volonté de faire société. On admire particulièrement l’énergie de ces jeunes garçons et de ces jeunes filles qui dansent au milieu des ruines et nous donnent une incroyable leçon de vie.
Jean-Pierre Filiu, qui était venu présenter à Vienne en juin, son dernier livre, «Stupéfiant Moyen-Orient » (voir K232) qui retrace toute l’histoire du Moyen-Orient, sous l’angle de la production et de la consommation de drogue et auteur d’une «Histoire de Gaza », témoigne dans le documentaire du rôle central de ce bout de territoire, carrefour entre le Levant et l’Égypte, vallée jadis célèbre pour ses agrumes et aboutissement des caravanes. Il nous remet en mémoire l’expulsion massive en 1948 des Palestiniens ( entre 700 et 900 0000 personnes), expulsion encore niée aujourd’hui par Israël.
Un vieil homme témoigne devant des enfants de son expulsion à l’âge de 10 ans avec toute sa famille et brandit devant eux la clé de sa maison en disant «Nous retournerons au village.»
Un ancien pilote de l’armée de l’air israélienne, qui a refusé de bombarder le territoire palestinien, n’hésite pas à dire que Gaza est un nouveau ghetto de Varsovie.
« Nous sommes les victimes d’une injustice historique, et nous le savons, mais nous refusons que le monde nous voit uniquement comme des victimes. Nous voulons que le monde voit notre passion, nos compétences, notre désir profond de participer et de contribuer…Nous voulons que nos droits soient respectés » affirme dignement un simple citoyen de Gaza.
On apprend aussi dans le documentaire de Roland Nurier, que la population de Gaza est très jeune. 20 ans est l’âge médian. 40 % de la population a moins de 15 ans et les 15-29 ans représentent 30%. Pour les Gazaouis, l’éducation est fondamentale: il y a 24000 étudiants à l’université Al-Aqsa et 1500 professeurs.
D’autres chiffres sont terribles: 50% de la population de Gaza est au chômage et 80% vivent en-dessous du seuil de pauvreté… ce qui représente un réservoir de main-d’œuvre bon marché pour Israël.
À la fin du documentaire, toutes les personnes qui témoignent dans le film affirment, face caméra: « Les droits ne sont pas donnés, ils sont acquis par la lutte.»
Merci à Roland Nurier et à son équipe de nous rappeler ce combat d’un peuple libre et digne.
J’espère vivement que vous pourrez découvrir -grâce à Cinéclap- en avant-première YALLAH GAZA ce JEUDI 28 SEPTEMBRE au CINÉMA L’AMPHI DE VIENNE À 19h30 EN PRÉSENCE DE SON RÉALISATEUR ROLAND NURIER ( qui sera accompagné de son monteur) .
Le film sortira dans toute la France le 8 novembre avec peu de moyens. N’hésitez pas à en parler pour qu’il ne passe pas inaperçu.
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