Jean-Pierre Filiu est l’un des meilleurs connaisseurs du Proche-Orient. Après avoir enseigné dans les universités américaines de Columbia et de Georgetown, il est aujourd’hui professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences-po Paris. Chaque semaine, son blog en ligne sur le site du journal Le Monde intitulé «Un si proche orient » fait autorité.
La librairie Lucioles l’avait invité il y a six ans pour parler d’un livre important « Le miroir de Damas » qui montre que nous avons tous en nous une part de Syrie. Son livre précédent «Les arabes, leur destin et le nôtre » montrait aussi à quel point le destin des Arabes est lié à celui de l’Occident.
En 2019 « Main basse sur Israël, Netanyahou et la fin du rêve sioniste » annonçait déjà les dernières dérives de l’inquiétant Bibi.
Jean-Pierre Filiu publie cette année un livre proprement hallucinant:
«Stupéfiant Moyen-Orient» (sous-titré Une histoire de drogue, de pouvoir et de société) est un livre qui ambitionne de retracer toute l’histoire du Moyen-Orient sous l’angle de la production et de la consommation de stupéfiants.
On y apprend l’existence, au sud de l’Égypte de la plus vieille brasserie du monde, capable il y a 5000 ans, de produire plus de 20 000 litres en continu!
On y apprend que l’opium et le haschich sont évoqués dans un papyrus égyptien vieux de 3500 ans.
On y apprend que, dans l’Égypte des Mamelouks au XIIIème siècle, on prenait du haschich… à la petite cuillère sous forme de confiture!
On y apprend qu’au Moyen-Âge, le haschich se banalise et devient la drogue du pauvre concurrençant le vin beaucoup plus cher.
On y apprend que l’Iran est probablement le pays le plus «camé» du monde avec plus de 2 millions de toxicomanes, une addiction qui prend ses racines dans une dépendance à l’opium diffusée depuis 500 ans dans la société personne.
On y apprend que «le captagon rapporte aujourd’hui des milliards de dollars au régime Assad, qui peut ainsi contourner les sanctions internationales pour continuer de régner sur le champ de ruines qu’est devenue la Syrie. »
L’adage anglo-saxon qui dit que « plus la répression est dure et plus les drogues le sont » est hélas, au Moyen-Orient d’une accablante validité et les milliers de pendaisons de « trafiquants » perpétrées en quatre décennies par la république islamique d’Iran n’ont pas enrayé la massive addiction des Iraniens.
J’aurai à nouveau le plaisir, à l’invitation de la librairie Lucioles, de dialoguer avec Jean-Pierre Filiu ce jeudi 8 juin à 19h30 à l’Amphi Ponsard. ( rencontre en partenariat avec l’Upop).
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