La Sant Jordi est une fête créée en Catalogne en 1926. Elle est au départ un hommage à la culture catalane à travers le livre: à cette occasion les hommes offrent une rose aux femmes qui offrent un livre aux hommes.
  La primesautière Marie-Rose Guarniéri de la librairie des Abbesses à Paris ( au prénom prédestiné) a eu la belle idée, il y a 25 ans, de faire de la  Saint Georges la fête de la librairie indépendante.

   Et c’est ainsi que cette année dans 500 librairies de France, de Suisse et de Belgique, dont certaines ont des noms évocateurs de nature comme L’oiseau siffleur à Valence, Lucioles à Vienne, le Rameau d’or à Lyon ou le Merle moqueur à Paris, on vous offrira ce samedi 16 avril une rose et un livre.

   Et quel livre! « Plumes », comme son nom l’indique « fait palpiter 25 plumes d’écrivains et 25 volatiles dessinés par le flamboyant artiste Michaël Cailloux ».

   Stéphane Audeguy parle de l’oiseau de Paradis, Bertrand Belin de l’engoulevent, Éric Chevillard de la mésange charbonnière, Yannick Haenel de la corneille, Marie-Hélène Lafon du pic épeiche, Jean Rolin de la poule d’eau, Tiphaine Samoyault du rouge-gorge…

Marielle Macé évoque le perroquet et dans un petit livre -inclus dans ce très grand livre- propose une modeste anthologie intitulée « des oiseaux et des poètes »

   En voici juste quelques vers pour le plaisir:

   De Marceline Desbordes-Valmore le début de « L’esclave et l’oiseau »:

   « Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage !

   Laisse à mes doigts brisés ton anneau d’esclavage.

   Tu n’as que trop pleuré ton élément, l’amour ;

   Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour ! »

   De Philippe Jaccottet:

   « Fauvette

   Dernier oiseau parleur en plein été

   De quoi me parles-tu ainsi de loin en loin

   Dans le feuillage du tilleul ?

   De quoi peut donc parler voix si limpide ? »

   Et deux haïkus, l’un de Bashô et l’autre de Gosengoku:

   « Ce jour si long-

   trop court encore

pour le chant de l’alouette ! »

   « Dans l’œil de l’oiseau migrateur

                      je deviens

               toujours plus petit »

À vous de deviner qui a écrit ces lignes:

« Le mot OISEAU: Il contient toutes les voyelles. Très bien, j’approuve. Mais, à la place de l’s, comme seule consonne , j’aurais préféré l’L de l’aile : OILEAU, ou le v du bréchet, le v des ailes déployées, le v d’avis: OIVEAU. Le populaire dit zozio. L’s je vois bien qu’il ressemble au profil de l’oiseau au repos… »

   À une époque où le temps de lecture est encore grignoté par les écrans comme le montre l’étude récente bisannuelle du CNL (Centre national du livre) prenez soin des livres et des librairies, lieux indispensables de passion, d’échange, de transmission et de lien social… et pensez à prendre soin des oiseaux pour faire mentir Yannick Haenel qui écrit ces lignes dans son texte sur les corneilles: « J’ai toujours redouté ce moment, et je sais qu’il arrive, où il n’y aura plus d’oiseaux, où plus aucune silhouette furtive ne fera trembler les feuillages, où les humains seront seuls, désespérément féroces, où le monde sera devenu muet. »

   Biodiversité et bibliodiversité même combat!

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