Comme chaque année à la même époque les amandiers se couvrent de fleurs dans les collines et c’est, chaque année, le même émerveillement. Et il n’est pas surprenant que la contemplation de « prunus dulcis » ait inspiré les artistes, peintres ou poètes.

   J’ai évoqué cette floraison il y a deux ans ( voir K136: Philippe Jaccottet. Poésie et amandiers). au moment de la mort de Philippe Jaccottet dont toute l’œuvre est marquée par l’attention qu’il porte à la nature, par le surgissement de son éphémère et subtile beauté… si difficile à saisir. « À chaque fois que je suis passé, en cette fin d’hiver, devant le verger d’amandiers de la colline, je me suis dit qu’il fallait en retenir la leçon, qu’ils auraient tôt  fait de se taire comme chaque année ; sans cesse autre chose m’a distrait de cette tâche, de sorte qu’à présent je ne peux plus me fier qu’au souvenir que j’en ai, déjà trop vague, presque effacé, incontrôlable. »

   L’amandier est le premier arbre à fleurir (avec le mimosa) alors que ses feuilles ne sont que de minuscules bourgeons, et il est un signe annonciateur du printemps. 

Vincent Van Gogh a peint « Amandiers en fleurs » en février 1890 à Saint-Rémy de Provence en hommage au fils de son frère Théo qui venait de naître et dont il était le parrain.

   On connaît moins un autre tableau de Van Gogh où l’on voit une branche d’amandier dans un verre d’eau, comme si l’artiste avait voulu nous montrer le caractère encore plus éphémère de cette splendeur.

   Et on connaît encore moins «L’amandier en fleurs » de Pierre Bonnard, tableau commencé en 1946 après une épouvantable guerre au cours de laquelle il perdit son cher ami Vuillard… et Marthe, son épouse et sa muse disparaît en 1942. Le spectacle de la nature est pour Bonnard une source de réconfort et d’émerveillement et le tableau commencé au printemps 1946 ne sera achevé que l’année suivante, quelques jours avant sa mort.

   Ce testament artistique a une histoire étonnante : la nature autour de l’amandier ne convenait pas à Bonnard qui demanda à son neveu de couvrir de jaune ce bout de terrain en bas à gauche de l’amandier: ce tableau lumineux est un hymne à la vie, le symbole du renouveau et de la victoire de la vie sur la mort, avec cette tâche d’or au premier plan qui magnifie la blancheur printanière des fleurs de l’amandier.

   En ces premiers jours de mars, sans oublier que commence la deuxième année d’une terrible guerre, l’éphémère et délicate beauté des fleurs d’amandiers sont une invitation à « abreuver nos âmes de lumière quand il y a tant d’obscurité dans le monde. »

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