Les lecteurs de ce kaléidoscope connaissent bien Jean-Yves loude et Viviane Lièvre.
Ce sont eux qui sont à l’origine de l’exposition qui est restée plus d’un an au musée des Confluences à Lyon: « Fêtes himalayennes, les derniers Kalash » consacrée à ce peuple du Pakistan installé dans des vallées de l’Himalaya où nos deux ethnologues ont séjourné à huit reprises.(voir K26… et visite virtuelle sur le site du musée.)
C’est Jean-Yves qui est venu à Vienne au mois de mai présenter « Vitalina Varela » le film exigeant et fascinant du réalisateur portugais Pedro Costa ( voir K188 rédigé par Jean-Yves Loude).
Après tous les livres qu’il a consacrés au Portugal, au Cap-Vert, aux Açores, au Brésil… Jean-Yves Loude publie un ouvrage qui est le fruit d’une longue enquête en compagnie de Viviane Lièvre.
« Le chemin des vierges enceintes » sous-titré « Une autre voie vers Compostelle… »
« Avez-vous déjà vu des représentations de la Vierge enceinte ? Des statues de Marie dans l’attente de Jésus, la main posée sur son ventre rond et proéminent ? Elles ont existé. Elles ont, pour la plupart, disparu.
Entre le XIIIe siècle et la fin du XVIe siècle, les sculptures de la Vierge enceinte jouissent d’une ferveur populaire, en France, en Espagne, au Portugal. Les femmes confient espoirs et angoisses à Celle qui partage leur sort.
Cependant, sensibles aux critiques des Protestants, les membres du Concile de Trente, exigent, en 1563, la mise à l’écart de ces images jugées « irregardables ». Tout comme les Vierges parturientes alitées et les représentations de Marie allaitant son enfant. En conséquence, les sculptures des Vierges de l’Attente sont retirées des églises. Détruites, emmurées, cachées, volées ? On l’ignore. Aujourd’hui, peu de ces figurations d’une Vierge « trop humaine » subsistent. Il faut les chercher.
Jean-Yves Loude, écrivain, ethnologue, et Viviane Lièvre, ethnologue, photographe, connus pour leurs enquêtes policières sur les conséquences de la traite négrière ou sur les mémoires assassinées dans la coulisse de l’Histoire se mettent en quête. Très vite, le couple d’investigateurs associe ces disparitions à la logique d’un discours d’exclusion élaboré par des hommes religieux aux dépens de la moitié de l’humanité. Ils décident d’enquêter le long d’un chemin vers Saint-Jacques de Compostelle qui ne suivra aucune balise officielle. Leur itinéraire prévoit 14 stations, toutes dédiées à des représentations de la Vierge enceinte : entre Le Puy-en-Velay et Santiago, en passant par des cathédrales, des couvents, des chapelles discrètes, des musées, des villages retirés, dans le sud de la France, puis en Alentejo, Ribatejo, au centre et au nord du Portugal, dans le Douro, le Minho, le Trás-os-Montes, pour finir en Galice. »
Le « pèlerinage » de nos deux enquêteurs va leur permettre de retrouver des sculptures oubliées ou cachées, mais surtout de comprendre pourquoi ces œuvres d’art considérées comme honteuses ont été brûlées si elles étaient en bois ( et leurs cendres jetées dans de l’eau bénite! ) ou enterrées lorsqu’elles étaient en pierre.
Vous trouverez au cœur de ce bel ouvrage publié aux éditions Chandeigne un cahier de 16 photos de sculptures de vierges enceintes et un QR Code vous permet d’accéder à 450 photos prises par Viviane Lièvre.
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