L’appel de mon 199ème kaléidoscope, au cœur du mois d’août n’a pas suscité beaucoup d’échos. Peut-être le signe d’une certaine lassitude de votre part, peut-être l’idée qu’il est temps pour moi d’arrêter ou de mettre en pause ces fragments?
Vous trouverez plus bas quelques-unes de vos réactions: merci Daniel, Dominique, Katy et Madeleine.
Je ne peux pas savoir si vous consultez ce blogue qui va bientôt fêter ses deux années et regroupe tous mes kaléidoscopes écrits depuis plus de quatre ans. Sa fréquentation est modeste mais il a quand même dépassé les 20 000 visites et approche des 8000 visiteurs. Les commentaires sont rares … mais sont les bienvenus.
En regardant les sujets abordés pendant ces quatre années j’ai pu mesurer la place prise par la littérature et particulièrement la poésie: Prévert, Obaldia, Brassens, Cadou, Hugo, Jaccottet, Darwich …
Nombreux sont les kaléidoscopes consacrés à la nature -à la fois pour s’émerveiller des libellules ou des coccinelles, des oiseaux ou des arbres, des iris ou des coquelicots, des amandiers ou des seringats… sans oublier les lucioles!- mais aussi pour s’inquiéter du déclin inexorable de la biodiversité… en relation avec l’injustice et les inégalités, et la nécessité de lutter contre elles pour vivre sur une planète où l’on pourrait encore s’émerveiller de la beauté des arbres.
“On ne peut pas vivre dans un monde où l’on croit que l’élégance exquise du plumage de la pintade est inutile” écrit Jean Giono dont j’ai souvent parlé au cours de ces quatre années.
Au mois de mai 2018, c’est la vision de l’impressionnant documentaire “Les Routes de l’esclavage” qui avait déclenché cette idée de parler, semaine après semaine de ce qui m’avait ému, indigné, révolté, émerveillé… et donné naissance à mon premier kaléidoscope.
Plus de quatre ans après, les mots que j’écrivais alors sont toujours d’actualité dans un monde qui tolère que 246 millions d’enfants soient engagés dans un travail forcé, le plus souvent dangereux pour leur santé et même pour leur vie:
“asservir est une pratique aussi vieille que l’humanité.Les premiers empires grec, romain, arabe du pourtour méditerranéen capturaient les peuples slaves pour accomplir les tâches jugées indignes. Peu à peu, les empires arabo-musulmans se tournent vers l’Afrique. Ils cherchent des esclaves au-delà des terres islamisées. Tombouctou devient alors la plaque tournante de la fourniture de captifs. À partir du XVIe siècle, le piège se referme sur l’Afrique. Elle devient l’eldorado où les Européens puisent la main-d’œuvre nécessaire à l’exploitation des plantations sucrières implantées aux Antilles et aux Amériques. Banque et assurance se développent pour prêter l’argent nécessaire aux expéditions négrières et assurer les cargaisons. L’investissement est très rentable. Plus de vingt millions d’Africains ont ainsi été déportés et vendus.”( écrit Christine Chaumeau dans Telerama).
Les quatre parties du documentaire, qui dure en tout 3h20 couvrent 1200 ans d’histoire mondiale, ont été rediffusées sur Arte samedi dernier et peuvent être revus sur Arte.TV grâce à ce lien: https://www.arte.tv/fr/videos/RC-016061/les-routes-de-l-esclavage/
Ce que montrent très bien les réalisateurs c’est que l’esclavage, cette sorte de première mondialisation, est à l’origine de la mise en place des rouages du capitalisme européen avec le terrible commerce triangulaire ( qui servira en partie à financer la première révolution industrielle).
Le dernier livre que je viens de lire fait écho à la vision des “Routes de l’esclavage”: “La douceur de l’eau” (qui vient de paraître aux éditions Philippe Rey) est le premier roman d’un afro-américain de 29 ans Nathan Harris. Il a été salué à sa sortie l’an dernier aux États-Unis par Barack Obama.
L’originalité du livre est qu’il situe son action en 1865, juste après la fin de “la guerre de sécession”, au moment de l’affranchissement des esclaves. À Old Ox, en Géorgie, à deux pas de leur ancienne plantation de coton, Prentiss et son frère Landry vont passer leur première nuit de liberté dans la forêt et sont découverts par George Walker, le propriétaire du domaine, dévasté par l’annonce de la mort à la guerre de son fils Caleb.
J’ai été impressionné par la capacité de l’écrivain à se mettre dans la peau de personnages si différents. Comment et où s’enraciner? Comment dépasser la domination? Comment faire face à la disparition de ses proches? ( la mère de Prentiss et Landry a été revendue) Comment construire son identité quand on en a été privé toute sa vie? Ces questions continuent à résonner en moi et c’est la grande force de la littérature que d’incarner la réalité.
Nathan Harris sera l’un des invités du festival America à Vincennes du 23 au 25 septembre: j’animerai une rencontre intitulée “Les fantômes de l’esclavage” en compagnie de Nathan Harris, Ta-Nehisi Coates et Margaret Wilkerson Sexton.
Ah c’est un malin l’auteur qui signe chaque semaine le Kaléidoscope,vous arrivez au 200ème, alors sans crier gare : « Dîtes moi SVP ceux qui vous ont marqué? »
C’est l’été, aurait-il la plume trop légère ou trop flottante dans l’air ? Eh, quoi bordel Kalé Hido il ne se passe rien sur le front des outrages que l’homme s’inflige à lui-même et à sa planète ? Sommes- nous dans une trêve littéraire, un cessez-le-feu total avant la salve des nouveautés qui nous attend à la rentrée ? Eh quoi Hido, as-tu-épuisé les revisites du capital culturel des grands anciens, n’aurais-tu pas de perles, de facettes brillantes restées obscures et offrir au lumpenlittéraire que je suis ? N’y aurait-il pas des Giono, des Ramuz, cachés, oubliés derrière les fagots ?
Bon d’accord, qu’aurais-je retenu de la prose de Kalé Hido, cet auteur multiface qui colore nos samedis matin depuis 4 ans ? « Tiens c’est bizarre je n’ai encore rien reçu, pourtant on est bien samedi 10heures ? Ah oui c’est vrai, j’avais oublié, il l’avait annoncé dans le précédent, une semaine sabbaticale ! Bon tout va bien alors, je me suis inquiété pour rien…»
Bon d’accord mais revenons à sa demande, après tout on lui doit bien un retour.Ayant été abreuvé petit de la Gueule Ouverte (années 70s, Cavanna et Hara Kiri hebdo pour les jeunes) je retiendrais plutôt les fleurs, les vraies, les figurées. Je retiendrais la triste annonce à propos de ce « con de Sepulveda » qui n’avait pas le droit de se laisser emporter par cette épidémie si vulgaire, le Covid qui nous prive de nouvelles fleurs, je retiendrais les cloches de Pâques qui ont salué cette année le départ de Jacques A. Bertrand, nous l’avions côtoyé au soufflé des 40 lucioles où il ironisait avec sa recette pour accommoder son estomac. J’ai ironisé en le parodiant : « Pâques est un beau jour pour mourir, faut juste cocher la case œufs en chocolat pour se retrouver chez les enfants et surtout éviter de cocher la case cloche quand on est fêlé ! »
Les fleurs, les vraies, les iris d’Ardèche, les fleurs des hautes Alpes mais là je rentre un peu dans le cadre, c’est normal de parler de cadre, puisqu’il s’agit de vélo, ensemble.
Oui mais quand même quelle torture de choisir parmi ces 200 facettes de Kalé Hido! Je prends tout, je retiens tout de même celles qui sont noires comme les mines de charbon, comme la fumée des bombes, des incendies, elles mettent en valeur la couleur des fleurs qui jaillissent çà et là : c’est comme dans une ancienne coulée de lave : le noir domine mais il y a des fulgurances de vie et de couleur. Des promesses de meilleurs possibles…
arigato gozaimasu Kalé Hido san
Daniel
“Vous n’aurez pas ma fleur, celle qui me pousse à l’intérieur…” ton kaléidoscope, Michel, m’évoque cette chanson de François Béranger…
Katy.
Je viens faire écho à ton dernier kaléidoscope……
Je trouve que souvent tes écrits nous ouvrent des fenêtres et j’espère que tu continueras à nous faire partager tes émotions
J’ai été sensible dans les derniers par le 194 qui nous parle de la flore de montagne . J’aime beaucoup ces petits trésors qui parsèment nos chemins . Je pourrais aussi te dire que le texte du 192 au sujet de Jean Louis Trintignant m’a aussi beaucoup touché .
Merci pour ces partages Madeleine
Malgré ma non-réactivité récurrente à tes kaléidoscopes due en partie à mes doutes quant à ma capacité d’écrire, je souhaite te dire que tes envois hebdomadaires me sont autant de fenêtres sur la santé du monde. Après l’éclair de pensée “ah zut, déjà une semaine de passée » qui participe à rythmer mes saisons, je traverse rapidement les rubriques en m’attardant là où ça fait mal et là où ça fait bien, éclairages sur des zones obscures de mes ignorances. Oui, les Ouïgours ou les migrants sont des sujets particulièrement sensibles, et tellement d’autres ! Mais Habiter en Oiseau, l’Albatros, Gréco et Léonard De Vinci sont de précieux alliés contre notre morosité, et tellement d’autres ! Au plaisir de te lire bientôt, Merci ! Amitié, Dominique
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