“Tu crois qu’on triche encore à mon âge devant la mort? Je sais bien qu’elle arrive, c’est pas grave tu sais. Filme-moi tel que je suis, et quand on se parlera, pareil, on ne maquillera pas ce qu’on se dira. Vas-y, demande moi ce que tu veux.” C’est ainsi que Jim Harrison s’adresse à François Busnel venu chez lui dans le Montana en 2015 pour consacrer un film à sa vie si bien remplie et à son œuvre d’écrivain, l’une des plus importantes du siècle. ( Voir ici : mon 179eme K.)
   Dès les premières images de Seule la terre est éternelle on mesure à quel point François Busnel a respecté cette injonction. Le spectateur entend tout d’abord la respiration difficile de Jim Harrison avant de regarder ce visage buriné par 78 années d’une existence placée sous le signe de la liberté et marquée par des drames comme la mort de sa sœur et de son père tués par un chauffard.
   Jim Harrison raconte une vie où la nature est beaucoup plus qu’un cadre, une nature dont l’homme fait partie et qui lui permet de se sentir vraiment humain: ” Je me suis tourné vers la nature qui ne m’avait pas fait de mal.” Jim grandit en écoutant les bruits de la nuit, dormant seul à dix ans dans les bois, fasciné par les oiseaux et les arbres, les rivières et les grands espaces. “les Indiens pensaient qu’un arbre frappé  par la foudre indiquait l’endroit où les dieux avaient touché la terre.” 

 L’avant-première de “Seule la terre est éternelle” ce 2 mars à Vienne a été un beau moment de rencontre avec François Busnel et près de 350 personnes enfin démasquées!   Après une tournée d’avant-premières dans toute la France, le film de François Busnel et d’Adrien Soland sort en salle ce mercredi 23 mars. Il sera programmé aussi à Vienne pour tous ceux qui n’auront pas eu la chance de le voir… et de nombreux spectateurs m’ont dit qu’ils reverraient avec plaisir ce testament qui est un appel à la vie.


   Plus de 2 millions de patients se croisent chaque année dans l’hôpital numéro six de Shanghai. La réalisatrice franco-chinoise Ye Ye a filmé cinq familles dont le destin se joue dans cet “hôpital-ville”. À travers leurs histoires croisées se dessine un portrait de la Chine d’aujourd’hui entre tradition et modernité et le rapport que les Chinois entretiennent avec la mort. 

 On est ému par ce père d’une adolescente gravement handicapée qui chante et danse, dit qu’il faut malgré tout être heureux et lit de la poésie sur son portable. On est bouleversé par ce paysan qui s’est cassé la colonne vertébrale en tombant d’un arbre et doit décider s’il accepte une opération très coûteuse et à haut risque.

   H6, l’hôpital du peuple, sélectionné au festival de Cannes est un grand et beau film posant les questions humaines essentielles. On se demande comment Ye Ye a pu tourner ce documentaire qui a la force et l’intensité de la fiction, comment elle parvient à créer un véritable suspens, comment les images de cet homme solitaire au genou cassé qui claudique sans jamais renoncer nous hantent comme un condensé de notre humaine condition. 

 Le film est projeté partout en France -et à Vienne cette semaine- et il a reçu un magnifique accueil du public et de la critique.


   Ce kaléidoscope cinématographique vous invite enfin à découvrir un film qui confirme le talent d’actrice de Laure Calamy, révélée dans la série 10%. Dans À plein temps, le film d’Éric Gravel, elle est de tous les plans, toujours en train de courir: Julie travaille à Paris comme première femme de chambre dans un palace alors qu’elle habite en banlieue, seule avec ses enfants. Le cinéaste nous fait vivre au plus près sa course harassante… et c’est nous qui avons le souffle coupé!


                                    183ème kaléidoscope le samedi 2 avril 

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