De nombreuses entreprises ont décidé de ne plus faire d’affaires avec la Russie de Poutine… mais pas toutes!
   Encore une fois Total (qui souhaite qu’on l’appelle désormais TotalEnergies, histoire de verdir sa noire image) la multinationale française ( Cocorico! ou plutôt Cocoricouac!) se singularise: elle maintient ses actifs de combustibles fossiles en Russie (à la différence de BP et de Shell qui ont rompu leurs liens avec le pays ).
   On n’en attendait pas moins de la part de Total qui semble mettre son point d’honneur (ou plutôt d’horreur)  à investir dans les endroits les plus “sales” de la planète.   

   Mon 145ème kaléidoscope, en mai dernier,  mettait en avant la remarquable enquête de “La Croix Hebdo” intitulée “Ouganda, Total dans le piège de l’or noir”, à propos du plus grand projet pétrolier du monde, destructeur de l’environnement, du climat …et des droits de l’homme pour faire bonne mesure. À retrouver ici.
   Au même moment, Total n’hésitait pas (avec l’argent du plan de relance de la BCE) à extraire en Argentine des gaz de schiste, en utilisant la dévastatrice fracturation hydraulique interdite en France.
   Encore plus fort! Un long article du journal “Le Monde” toujours en mai 2021 intitulé “Les millions de Total aux généraux birmans” dénonçait un montage financier opaque permettant à Total,  par le biais d’une société aux Bermudes, de partager les revenus liés à l’exploitation du gaz avec la junte militaire birmane… qui a une aussi haute idée de la démocratie que Poutine.
    Mais Total porte l’indécence à un point d’incandescence – Tiens! Tiens! Ça rime avec essence! – en faisant croire qu’elle est une “supermajor verte”. Cette fois-ci, c’est le journal Politis du 21 octobre 2021 qui titre “Total, un demi-siècle de déni et de mensonges”. On y apprend que la firme connaissait les effets des énergies fossiles sur le changement climatique depuis plus de 50 ans… et qu’il fallait donc “promouvoir l’incertitude scientifique dans l’intérêt de l’entreprise.” 

 Par ailleurs le dossier nous apprend que Total a infiltré l’État français: “Ce sont à la fois des anciens cadres ou des personnes haut placées chez Total qui se retrouvent dans les ministères, et Total qui débauche directement des personnes clés dans les ministères.” 

 Total qui se veut, selon ses dires “un acteur majeur de la transition énergétique” a produit, en réalité, selon les révélations de Greenpeace France et de Reclaim Finance, en 2020, 447 unités d’énergies fossiles pour 1 d’énergies renouvelables, et 90% de ses dépenses d’investissement demeurent orientées vers les énergies fossiles.
   Tous ces exemples mettent en lumière que le pétrolier français, hier comme aujourd’hui, en Birmanie comme en Russie n’a qu’une obsession: gagner le plus d’argent possible à n’importe quel prix.

   C’est pourquoi il faut tout faire pour que les banques cessent immédiatement de financer ( avec notre argent) ce géant pétrolier sans scrupule prêt à financer indirectement la sale guerre du despote du Kremlin.   C’est le sens de la pétition proposée par l’association 350.org que je vous mets en lien :

Signez maintenant pour demander à toutes les banques du monde de cesser immédiatement de financer Total.  


   En ouvrant “Paroles“, le recueil de Jacques Prévert,  je tombe sur ce poème qui entre en résonance, près de 80 ans après sa publication avec la situation présente .


Familiale


La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu’est-ce qu’il trouve le fils ?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.

   Mon ami Jean-Yves Loude m’a envoyé aujourd’hui un texte intitulé “À quoi sert un pape?” dans lequel il s’interroge sur l’absence de réaction forte du pape face à la guerre en Ukraine.

 A quoi sert un pape ? 

Depuis une semaine, nous assistons, impuissants, à l’agression de chrétiens par des chrétiens. 
On s’était tellement habitués à voir les sunnites tuer des chiites ou inversement que nous ne pensions plus les occidentaux, en principe chrétiens et amateurs de paix chez eux, retomber dans une semblable barbarie. 
Je me suis alors demandé, comme l’enfant de l’émission du dimanche soir sur France Inter, « Maman les petits bateaux », pourquoi le pape François, accompagné des chefs des églises orthodoxes, protestantes, ne se sont pas déplacés d’urgence dans le Dombass ou à Kiev dès que l’annonce d’invasion de l’Ukraine a été déclarée imminente.
Pourquoi, dans un cas de péril majeur pour l’humanité, ceux qui se disent responsables de la conduite morale du monde sont restés aussi inertes, silencieux, absents ?
Le pape, bouclier humain, n’aurait-il pas été l’obstacle majeur face à un envahisseur qui prétend s’attirer les bonnes grâce de son clergé. 
Le pape n’est pas le chef des orthodoxes, mais est-il possible de tuer un pape pour satisfaire ses ambitions destructrices ?
Le pape était sans doute le seul à pouvoir, devant un char comme à Tien’anmen, s’opposer au pire.
Rappelez-vous : la semaine qui a précédé l’invasion tout aussi maffieuses de l’Irak par les États-Unis, en 2003, Tarek Aziz, alors premier ministre chrétien de Sadam Hussein, était venu au Vatican demander l’intervention du pape, face à la folie de Bush jr. L’a-t-il obtenue ? 
Rappelez-vous encore le film de Costa Gavras, « Amen », quand un jeune curé (Mathieu Kassovitz), averti des horreurs se pratiquant dans les camps d’extermination, fait le siège du Saint Siège pour sortir Pie XII de sa lâche torpeur. La dénonciation ferme, totale, des crimes nazis par le pape n’aura pas lieu. 
La léthargie vaticane fut complice des pires exactions. Elle l’est encore. Il ne suffit plus de murmurer une condamnation au balcon de la place Saint-Pierre. Le monde aliéné des Poutine a besoin de gestes hautement plus flambants. 
Dernière question que l’enfant se pose : pourquoi ne parle-t-on que de l’invasion de l’Ukraine ? Il semblerait plus juste de répéter « invasion de l’Ukraine et de la Biélorussie », puisque Poutine a également déployé ses armées dans un pays dont les habitants ont été muselés, ficelés par un « collabo » à tête de méchant de Bande Dessinée, l’ineffable tyran Lukashenko. Oui, nous assistons bien à deux invasions simultanées. 

A la lecture de cette supplique on pense inévitablement à la phrase de Staline en réponse à Pierre Laval qui lui demandait de respecter les libertés religieuses en Russie: “Le pape, combien de divisions?”
A l’attention de mes jeunes lecteurs le mot “division” signifiant ici unité militaire de plusieurs régiments.
Poutine, comme Staline (rime riche!) ne comprend que les rapports de force.


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