Tout le monde sait qu’être maire est une charge de plus en plus difficile. Dans de nombreuses communes, surtout les petites, on ne s’est pas “bousculé au portillon” pour exercer cette fonction. 

 Les hasards de l’actualité mettent  sur le devant de la scène deux maires aux profils bien différents mais dont le courage force le respect. 

 Philippe Rio, maire communiste de Grigny, commune de 28 000 habitants de la banlieue parisienne vient d’être élu “Meilleur Maire du Monde” -à égalité avec le maire de Rotterdam- par la City Mayors Foundation de Londres. Grigny est l’une des villes les plus pauvres de France: on y a dépassé les 50% de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. 

 Dès son premier mandat en 2012 Philippe Rio et son conseil municipal- car Philippe Rio ne perd pas une occasion de dire qu’il s’agit d’un travail collectif- ont mené des actions en faveur des plus précaires : la mise en place d’un petit-déjeuner gratuit dans les écoles maternelles de la ville est l’une de ses dernières mesures. 

 C’est dans sa commune, il y a tout juste quatre ans, qu’a été lancé “l’Appel de Grigny”, véritable SOS des banlieues, par une centaine de maires de droite comme  de gauche, réunis pour alerter le pays et proposer des mesures d’urgence pour les quartiers populaires. 

 Philippe Rio a grandi à la Grande Borne, grand ensemble typique des années 60, dans une famille modeste qui sera expulsée de son appartement pour n’avoir pas pu payer le loyer. Sa prise de conscience politique date de cet instant : “La pauvreté isole. Quand on est pauvre, on s’enferme sur soi-même. Ce qui est terrible, c’est la honte. Le mouvement collectif te dit de ne pas avoir honte, parce qu’il y a des solutions. Il te dit de lever la tête.” 

 C’est peut-être en repensant au gamin pauvre de la Grande Borne qu’il dit en recevant cette distinction de “Meilleur Maire du Monde”: “Si aujourd’hui ce titre peut aider un gamin qui cherche un stage et qui affiche fièrement Grigny sur son CV, qui ne change pas sa ville parce qu’il en a honte ou parce qu’il sait que c’est discriminant, on aura gagné quelque chose de très important.”

   Riace est une petite commune de Calabre, frappée par la crise économique et la désertification de la région. L’accueil des migrants -600 en 2018 pour une population de 2000 habitants- va revivifier le village, les maisons sont restaurées, l’école rouvre, les petits commerces réapparaissent. 

 C’est Mimmo Lucano, le maire de Riace, qui imagine à partir de 2004 ce système d’accueil pour les réfugiés.   Ses actions sont saluées par le HCR ( Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU.)   Mais en 2018 le ministre de l’intérieur d’extrême droite Matteo Salvini le fait arrêter et placer en résidence surveillée. Il est accusé d’avoir organisé des mariages de convenance pour aider des femmes déboutées du droit d’asile à rester en Italie.   Dans le climat de xénophobie qui gangrène toute l’Europe, le tribunal le condamne ce 30 septembre 2021 à 13 ans de prison et à 500 000 € d’amende, peine plus sévère que les réquisitions du parquet 
   Voici un court extrait de la lettre de Mimmo Lucano, lue en son nom sur la place de Riace ce 3 octobre:   “Un jour viendra où les droits humains seront davantage respectés, il y aura plus de paix que de guerre, plus d’égalité, plus de liberté que de barbarie. Il n’y aura plus des gens qui voyagent en business class et d’autres entassés comme de la marchandise humaine arrivant des ports coloniaux avec les mains agrippées aux vagues de la mer de la haine.(…) Je n’ai aucune honte, rien à cacher. Je referais les mêmes choses, qui ont donné un sens à ma vie. Je n’oublierai jamais ce merveilleux fleuve de solidarité. Je vous garderai longtemps dans mon cœur. Il ne faut pas renoncer : si nous restons unis et humains, nous pourrons caresser le rêve de l’utopie sociale. 

 Je vous souhaite d’avoir le courage de rester seuls et l’ardeur de rester ensemble, fidèles aux mêmes idéaux. D’être désobéissants à chaque fois que nous recevons des ordres qui humilient notre conscience.”   Vous pouvez signer la pétition “Liberté pour Mimmo Lucano” -qui considère qu’une condamnation aussi lourde est politique et cherche à dissuader ceux qui aident les migrants- en suivant ce lien :https://chng.it/hCJPqX5sRM
   Nous avons besoin d’êtres humains comme Philippe Rio ou Mimmo Lucano qui ne se résignent pas à l’injustice et à la misère du monde.


    J’ai des lecteurs très attentifs, comme Robert qui m’a fait remarquer que Salgado n’avait pas pu planter 2 millions d’arbres sur 80 hectares: 2,5 arbres au m2, ça fait beaucoup. “Pan sur le bec” comme dit “Le Canard Enchaîné” quand il s’est trompé! Il fallait lire 800 ha. Merci également à Édith qui a attiré mon attention sur le livre de la kényane Wangari Maathai, prix Nobel de la Paix en 2004, qui a contribué à planter 50 millions d’arbres en Afrique, à former 30 000 femmes à la foresterie, expérience dont elle parle dans son livre “Celle qui plante les arbres”. Et merci à Anne qui m’envoie deux articles sur Julos Beaucarne et une photo que vous pouvez retrouver à la fin de mon 160ème kaléidoscope

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