Comme promis cette semaine un kaléidoscope un peu moins plombant et pour tout dire carrément positif par certains aspects!

Vous avez peut-être entendu sur France Inter ce mardi 14 avril le coup de gueule du philosophe André Comte-Sponville qui remet un tantinet les pendules à l’heure. “Nous étions mortels avant le coronavirus, nous le serons après.”
” Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant.” Nous dit
Montaigne . ” La mort fait partie de la vie, et si nous pensions plus souvent que nous sommes mortels, nous aimerions davantage encore la vie parce que, justement, nous estimerions que la vie est fragile, brève, limitée dans le temps et qu’elle est d’autant plus précieuse. C’est pourquoi l’épidémie doit, au contraire, nous pousser à aimer encore davantage la vie” nous rappelle Comte-Sponville.

Il nous a aussi remis en mémoire ce dont les plus âgés de mes lecteurs devraient se souvenir: la grippe de Hong Kong a tué en 1969 ( cela ne fait guère plus de 50 ans! ) 1 million de personnes dans le monde et tout de même 31 000 morts en France en deux mois. Nous n’y sommes pas encore. À vrai dire, moi qui avais à peine 20 ans à cette époque, je n’en ai aucun souvenir, et il a fallu que j’aille vérifier l’information pour me convaincre que ce n’était pas une “fake news”! Comment expliquer que cette première pandémie de l’ère moderne ait laissé si peu de souvenirs? Certes, Il n’y avait à cette époque ni réseaux sociaux ni infos en continu sur la radio et la télévision. Mais surtout, la mort des personnes de plus de 65 ans était socialement acceptée comme naturelle.
” Je me fais beaucoup plus de souci pour l’avenir de mes enfants que pour ma santé de septuagénaire” affirme encore le philosophe qui rappelle que 95% des morts du Covid-19 ont plus de 60 ans et que le réchauffement climatique fera beaucoup plus de morts que le Coronavirus.

Évidemment, ces réflexions frappées au coin du bon sens ne doivent pas nous inciter à l’inaction et nous avons heureusement chaque jour des témoignages d’entraide et de solidarité:
COVID-19
LE FOND DE L’AIR
EST SOLIDAIRE

C’était la une de Libération du 11 avril. À l’intérieur plusieurs reportages mettant en lumière les initiatives de milliers de bénévoles dans toute la France.
À Marseille, l’ancien McDo des quartiers nord, fermé fin 2019 malgré la mobilisation acharnée de ses 77 salariés, a été rhabillé en banque alimentaire à l’initiative des anciens salariés, des habitants du quartier et de militants associatifs : une vingtaine de bénévoles se relaient 24 heures sur 24 pour réceptionner les marchandises -venues de la banque alimentaire, d’Emmaüs, mais aussi de dons de petits commerçants ou d’habitants du quartier- qui sont ensuite données aux plus précaires.
Cette réquisition citoyenne n’est pas du goût de McDonald’s France qui a refusé qu’on utilise ses locaux pourtant inutilisés : on est comme çà chez McDonald’s !
Les bénévoles proposent aussi que la partie Drive du restaurant devienne un point de dépistage du Covid-19.

En Nord-Isère, une autre très belle initiative solidaire et bénévole de fabrication de masques lavables en tissu. http://masquelavablenordisere.fr/home 

Une belle aventure relatée par Cédric qui n’a pas ménagé son temps pour sa réussite :

Dès les premiers jours du confinement, deux couturières du Nord-Isère décident de coudre pour les infirmières de leur village. L’initiative fait rapidement tâche d’huile, notamment grâce aux réseaux sociaux.
Aujourd’hui dans la région de Bourgoin et la région de Vienne, ce sont 200 couturières et une cinquantaine de chauffeurs, coordinateurs, préparateurs, qui s’affairent pour confectionner et livrer des masques en tissu lavable aux personnels soignants.
Appel aux dons, préparation des kits de coutures, livraisons aux couturières puis collecte des masques, puis enfin, livraison aux structures dans le besoin, une véritable logistique s’est mise en place en quelques jours !
L’initiative citoyenne spontanée s’est constituée en un temps record, afin de pallier les graves manquements de l’Etat et des collectivités. Les auxiliaires de vie, les infirmiers, aide-soignants, personnels des services hospitaliers et des Ehpad n’auraient pas dû attendre si longtemps pour être équipés correctement.
Le collectif, après un peu plus de cinq semaines d’existence, a livré 8654 masques, dont 3137 dans le pays viennois. Les collectivités locales ont peu soutenu cette initiative citoyenne: quelques rares mises à disposition de moyens matériels et quelques …encouragements ! Il n’est pas acceptable que le collectif se substitue durablement à la puissance publique.
L’élan de générosité des membres du réseau montre une fois de plus, la capacité auto organisatrice du peuple en temps de crise.
Aujourd’hui, nombre des bénévoles engagés dans l’urgence, ne peuvent plus assumer cette lourde responsabilité. Mais que le mouvement est beau ! Soyons fiers de ces bénévoles et de tous ceux qui oeuvrent dans les collectifs de lutte quels qu ‘ils soient.

Et maintenant suivons le conseil de Voltaire :

J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé.

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