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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 49: Roman-photo, les racines de la colère.

Le roman-photo a eu son heure de gloire un peu partout dans le monde dans les années 50 et 60 . Le journal hebdomadaire Nous Deux (contrepèterie facile ! ) s’est vendu en France jusqu’à 1 500 000 exemplaires et se vendait encore en 2011 à près de 300 000! On produit même maintenant avec succès des romans-photos pour smartphone !

Le photographe Vincent Jarousseau, qui n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’il est également l’auteur de L’illusion nationale, un roman-photo sur les électeurs du Front National , subvertit ce genre populaire en lui donnant une dimension sociale. Il nous propose cette fois ( toujours aux éditions des Arènes) Les racines de la colère (allusion transparente aux Raisins de la colère de John Steinbeck) sous titré Deux ans d’enquête dans une France qui n’est pas en marche.

Vincent Jarousseau propose au lecteur une immersion dans le quotidien de huit familles de Denain, une des villes les plus pauvres de France avec 35% de chômeurs et même 55% chez les jeunes et un taux de pauvreté de 45%. Il détruit au passage quelques idées reçues: “Il y a un décalage entre l’incantation des élites à la mobilité, vue comme une valeur positive, et ce que vivent les gens modestes, qui soit sont bloqués dans des vies immobiles, soit doivent au contraire énormément bouger pour s’en sortir”.
Le mouvement des Gilets jaunes a mis en lumière des personnes jusque là invisibles, des gens qui ont du mal à boucler les fins de mois et qui galèrent au quotidien pour s’en sortir et tenter de trouver des emplois qui se raréfient. Vincent Jarousseau leur donne un visage, une épaisseur. Ses photos nous les montrent dans leur environnement, dans leurs maisons… elles sont, à hauteur d’être humain, un témoignage respectueux, sans misérabilisme. Merci Vincent Jarousseau pour cette justesse de regard qui rend justice à ces êtres humains, nos semblables, nos frères.

On aimerait qu’Emmanuel Macron lise ce livre qui se termine par une lettre que lui adresse Vincent Jarousseau: “Durant ces deux années passées à Denain, j’ai beaucoup appris en passant du temps avec les protagonistes de ce récit. On croit savoir mais cette connaissance se révèle abstraite, tant que l’on n’a pas vécu avec ces personnes, écouté leurs aspirations, leurs rêves ou leurs galères. C’est cette réalité crue que j’ai voulu partager.”
“Vos mots, votre dédain pour les derniers de cordée, ont conduit nombre de nos concitoyens à vous dire:”Stop, on n’y arrive plus.”(…) La France des oubliés n’a cessé de vous interpeller. Ce livre est un prolongement de ce cri qu’il est impératif d’entendre.”


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