Mon tout premier kaléidoscope ( il y a presque six mois, comme le temps passe !) était consacré à l’esclavage à l’occasion de la sortie de quatre exceptionnels documentaires dont vous trouverez toutes les références à cette adresse : https://local.attac.org/vienne38/
J’y reviens cette semaine avec le numéro 221 du 1 en date du 17 octobre 2018 , un journal original qui se déplie et qui ambitionne de traiter “chaque semaine une question d’actualité sous plusieurs regards” . Le 1
a été créé par Eric Fottorino, déjà à l’origine d’America dont j’ai parlé la semaine dernière.
“Esclavage ça se passe près de chez vous” le titre a le mérite de la clarté. Saviez-vous, par exemple, qu’il y a aujourd’hui en France près de 130 000 personnes victimes de l’esclavage ? Dans le monde 40 millions (dont 10 millions d’enfants). Et parmi elles 25 millions victimes de travail forcé et 4,8 millions exploitées sexuellement ?
Dans un article intitulé “Des tomates au goût de sang” Laurent Gaudé nous rappelle que chaque été, en Italie, plus précisément dans les Pouilles -un lieu de villégiature de plus en plus à la mode- “Des hommes travaillent entre huit et dix heures par jour, sous un soleil de plomb, pour un salaire journalier moyen d’environ trente euros, duquel il faut déduire le prix du transport, le prix des repas et celui du matelas sur lequel ils dorment. Soit, à la fin, une somme d’une vingtaine d’euros pour dix heures de travail, c’est-à-dire deux euros de l’heure !”
Comme le dit Laurent Gaudé, notre responsabilité de consommateurs est ” de vouloir des prix toujours plus bas. En deçà d’un certain prix, tout objet bon marché l’est soit parce qu’on a rogné sur sa qualité, soit parce qu’on a exploité les mains qui l’ont construit.”
À nous de devenir des “consom’acteurs”.
Récemment, le 9 octobre précisément, une enquête de Cash Investigation intitulée ” Luxe, les dessous chocs” montre l’envers du décor de LVMH et consorts qui font travailler des êtres humains…de manière inhumaine, comme le rappelle Julien Bisson dans son éditorial du 1 : “Des travailleurs sénégalais, contraints de travailler treize heures par jour dans des tanneries, au milieu des vapeurs chimiques, sous une température de 45°, dans des conditions qu’on croyait d’un autre siècle.”
Le dossier du 1 montre bien que mineurs et migrants sont deux populations particulièrement vulnérables, que les gens des beaux quartiers ne sont pas les derniers à réduire en esclavage des immigrés qui sont à leur merci et que la justice ne prend pas toujours la mesure de la gravité de la traite humaine.
Le dossier donne enfin les noms et les coordonnées des organismes qui luttent contre l’esclavage en France comme “le comité contre l’esclavage moderne” ou “ensemble contre la traite des êtres humains”.
Seule note optimiste, en 2018, 36 pays ont pris des mesures pour lutter contre l’esclavage moderne. Ils n’étaient que 4 deux ans plus tôt.
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