Nasr Eddin est un personnage mythique qui apparut au XIIIème siècle en Turquie. Sa renommée va des Balkans à la Mongolie et ses aventures sont célébrées dans plusieurs dizaines de langues, dont le turc, l’arabe, le persan ou le serbo-croate.
Sa renommée est telle que deux villages, un en Anatolie, et l’autre en Algérie revendiquent le lieu de sépulture de Nasr Eddin.
Voici trois échantillons ( j’aime la sonorité de ce mot qui chante comme un grillon!) de la sagesse insolite et insolente de Nasr Eddin Hodja, des histoires qui mettent en scène ce personnage tour à tour ingénu et ingénieux, insolent et obséquieux, naïf et le plus souvent faux-naïf avec cet irrésistible mélange de bon sens et de sens de l’absurde.

Nasr Eddin , qui occupe les fonctions de cadi (juge), voit arriver devant lui un étranger vêtu de sa seule chemise et couvert de bleus et de contusions.
“Cadi, crie l’homme en furie dès son entrée dans la salle d’audience , je porte plainte. Fais, séance tenante, ton enquête dans la ville : je suis un marchand ambulant, et j’ai été dépouillé par une bande de voleurs de toutes mes marchandises ainsi que de tous mes effets personnels.”
-Je vois en effet que tu es mal en point, réplique le Hodja; malheureusement, tu ne relèves pas de ma juridiction.
-Comment cela? J’ai été attaqué à deux pas d’ici !
-Peut-être, conclut Nasr Eddin, mais les voleurs d’ici je les connais : ils ne t’auraient jamais laissé repartir avec ta chemise.

Mon voisin Ahmed vient de mourir, annonce un soir Nasr Eddin en entrant dans le café

  • Et de quoi donc? demande-t-on aussitôt.
  • On n’a jamais su pourquoi il vivait, répond le Hodja, comment pourrait-on savoir de quoi il est mort? Les habitants d’Aksehir ont besoin d’un sage pour leur apprendre le monde. Ils vont chercher Nasr Eddin et l’amènent en place publique.

« Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ?
─ Tout !
─ Je n’ai rien à faire avec de tels ignorants. »
Et Nasr Eddin s’en va. Les dignitaires réfléchissent et demandent aux habitants de répondre au grand sage, mais cette fois sans le froisser. Ceux-ci vont à nouveau rechercher Nasr Eddin qui demande :

« Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ?
─ Rien !
─ Alors si vous savez tout, je m’en vais. »
Et Nasr Eddin s’en va, énervé. Les dignitaires réfléchissent de nouveau et demandent cette fois-ci au peuple un peu plus de compréhension avec une telle sagesse. Ils vont retrouver Nasr Eddin et le ramènent en ville.

« Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ? »
Une moitié crie :

« Rien ! »

Et l’autre moitié :

« Tout ! »
Alors Nasr Eddin excédé, dit :

« Hé bien, que ceux qui savent apprennent à ceux qui ne savent pas. »


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