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KALÉIDOSCOPES !

Fragments culturels paraissant chaque samedi matin

Kaléidoscope 336: Palestine. Sur cette terre il y a ce qui mérite vie.

   Kaléidoscope 336: Palestine. Sur cette terre il y a ce qui mérite vie.

Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie: ce sont les mots du grand poète palestinien Mahmoud Darwich (voir K34, 235,248) qui donnent son titre au livre que viennent de publier les éditions du Seuil. On y trouve les contributions de dix-sept écrivains français, palestiniens ou franco-palestiniens « pour donner voix aux victimes et ne pas garder le silence, alors que Gaza meurt de faim. Pour exprimer l’indignation collective face au sort réservé au peuple palestinien. »

   « Les textes de ce livre dénoncent l’inacceptable des crimes et tentent de nommer l’innommable de la violence de masse. À l’heure où le gouvernement Israélien semble s’acharner à la détruire, ils rappellent que la Palestine n’est pas qu’une métaphore. Elle est une nation, un peuple, une diaspora, et une terre sur laquelle il y a ce qui mérite vie. » 

Maylis de Kerangal a choisi de parler des gravats, nous rappelant que la destruction de Gaza par l’armée israélienne a engendré 53,5 millions de tonnes de gravats (estimation de l’ONU en juillet, aujourd’hui hélas dépassée ) « La superficie de l’enclave palestinienne, 365 km2, et sa densité humaine, 6090 habitants par km2 au 23 octobre 2023 -la plus élevée au monde. Soit, par mètre carré, 146 kg de gravat. Décharge insoutenable. » Cette entreprise systématique de démolition « est bien autre chose qu’une affaire de génie militaire, elle est ce qui anéantit une communauté, ce qui brise une société, annihile les liens qui la composent, abat son patrimoine et sa culture, efface son histoire et sa mémoire. » Ces mots entrent en résonance avec ceux de Brigitte Giraud qui, dans son texte évoque l’œuvre du  Syrien Khaled Dawwa intitulée Voici mon cœur ! ( que nous avions vue il y a deux ans au musée des Beaux-arts de Lyon.) L’artiste y avait reconstitué minutieusement sa rue de Damas en ruine et encombrée de gravats. Brigitte Giraud s’interroge aussi sur l’indifférence des occidentaux -pourtant si attachés à leurs maisons qu’ils prennent plaisir à embellir- devant les bombes qui, jour après jour, détruisent d’autres maisons, celles des palestiniens à Gaza.

   Le texte le plus impressionnant du recueil est celui d’Alain Damasio, une œuvre de science-fiction qui montre que la haine est une catastrophe. Des femmes israéliennes y accouchent d’enfants palestiniens morts assassinés…à nouveau vivants, ressuscités.

J.M.G. Le Clézio a repris un refrain populaire péruvien comme titre de sa contribution: « Dans les guerres, le vaincu est vaincu et le vainqueur est perdu ».

   Je vous laisse découvrir les textes d’Atiq Rahimi, d’Édouard Louis, de ces 17 auteurs qui nous demandent de lutter contre l’oubli et l’indifférence et la bouleversante nouvelle de Jadd Hilal où un père vit dans le déni de la mort de Faïza sa fille de huit ans tuée dans le bombardement de son école.

   Les droits d’auteur issus de la vente de ce livre seront reversés à Médecins du Monde, en soutien à la population palestinienne.

   Et si vos pas vous conduisent à Paris, dans les jours qui viennent, ne manquez pas l’exposition -prolongée jusqu’au 7 décembre en raison de son succès- Trésors sauvés de Gaza 5000 ans d’histoire à l’Institut du Monde Arabe. On y découvre le riche passé de cette antique oasis florissante, un véritable carrefour de civilisations entre l’Asie, l’Arabie, l’Afrique et la Méditerranée. Les pièces archéologiques présentées dans cette exposition ont été sauvées de la destruction par l’exil comme cette magnifique et spectaculaire mosaïque byzantine d’Abu Baraqeh dont on peut rêver qu’elle retrouve un jour sa terre natale, à Deir el-Balah dans une église au centre de la bande de  Gaza.


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