À l’heure où Donald Trump n’en finit pas d’abîmer l’image que nous avions des États-Unis ( de plus en plus désunis !) et de contribuer à la destruction de la planète, la littérature américaine est plus vivante et plus diversifiée que jamais.
Au fil des années mes kaléidoscopes ont fait la part belle à des écrivains aussi différents que Louise Erdrich, née d’une mère indienne Chippewa et d’un père allemand et qui a vécu toute son enfance dans une réserve (K173), Jim Harrison (K179), Russell Banks (K216), Paul Auster et Laird Hunt (K273), Cormac McCarthy (K234), Richard Ford (K289)… et beaucoup d’autres que vous pourrez retrouver sur mon blogue grâce au moteur de recherche au pied de ce kaléidoscope qui vous permet de les afficher immédiatement. J’ai aussi rendu compte des excellents dossiers proposés par la revue America et ses 16 numéros publiés pendant le premier mandat de Trump avec des dizaines d’entretiens au long court avec les principaux écrivains américains.
Le numéro 8 propose un long et passionnant entretien avec Russell Banks qui nous rappelle que « L’histoire des Blancs est inéluctablement liée à celle de l’esclavage. La richesse actuelle des Américains de la classe moyenne supérieure blanche dépend de 400 ans d’esclavage. L’économie américaine du XXIe siècle n’a pu se fortifier que parce que l’esclavage institutionnel a existé au XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle. L’Amérique ne disposait pas seulement de ses ressources naturelles, contrairement à ce que martèle l’histoire officielle : la prospérité économique s’est établie sur l’esclavage. Il me semble important de reconnaître que si je profite de ma part de richesse, aujourd’hui, c’est parce que celle-ci est héritée de ce système d’exploitation. Au cœur de notre richesse actuelle se trouve un crime. Un crime historique. Notre richesse est bâtie sur un génocide, c’est-à-dire sur l’appropriation de ce continent par le massacre des populations indiennes. Puis sur l’esclavage… »
Et la littérature américaine est évidemment profondément marquée par ce génocide et par l’esclavage comme le montrent plusieurs livres publiés récemment. Marquée aussi par la violence inhérente à son histoire. N’oublions pas que 330 millions d’Américains possèdent 800 millions d’armes.
Ce jeudi 6 novembre à 19h30 au centre social de Saint Romain de Surieu grâce à l’Université populaire du pays roussillonnais j’aurai le grand plaisir de vous proposer une approche de la littérature des USA aujourd’hui, un vagabondage buissonnier et subjectif qui parlera évidemment des écrivains que je viens de citer… et de beaucoup d’autres qui me sont chers.
Et je laisse le dernier mot à Russell Banks, un écrivain dont la parole nous manque aujourd’hui, lui qui s’était mobilisé il y a cinq ans pour brandir la bannière « Writers against Trump ».
« Un grand roman transforme l’imaginaire de son lecteur. En le refermant, nous nous faisons une autre vision du monde et de l’humanité, une vision qui a été modifiée en profondeur, de façon durable, au lieu d’être simplement retouchée en surface. En finissant Beloved de Toni Morrison, par exemple, l’expérience vécue par ses protagonistes est comme devenu nôtre : l’inhumain enfermement de l’esclavage, l’enfant qu’on doit tuer de ses mains pour lui éviter une vie pire que la mort, la présence continue et aimante d’un fantôme. Tel est le pouvoir unique de la grande fiction : elle apporte au lecteur une expérience, et non pas seulement un récit. »
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