Le nom de Carys Davies m’était complètement inconnu et c’est grâce à Maya, notre fille libraire au Rameau d’or à Lyon, que j’ai découvert Éclaircie, le troisième roman de cette autrice britannique publié dans l’élégante collection Quai Voltaire des éditions de la Table Ronde traduit par David Fauquemberg.
La couverture reproduit un tableau « Clair de lune sur la côte norvégienne », représentant une barque échouée sur le rivage d’une côte balayée par de puissantes vagues.
En quelques pages, Carys Davies nous plonge au cœur d’une île perdue au large de l’Écosse en 1843. Ivar, le dernier habitant, y mène une vie solitaire en compagnie d’une vieille vache aveugle, d’une jument, de quelques brebis et quelques poules… jusqu’au jour où il va trouver dans l’eau, au bord du rivage une sacoche au fond de laquelle « il trouva une femme aux cheveux noirs, à l’intérieur d’un cadre en cuir, qui le contemplait de sous une plaque de verre brisé, avec un sourire timide et secret. »
Par petites touches, au fil de très courts chapitres, le lecteur va découvrir Mary Ferguson, la femme de la photo dont s’éprend Ivar, puis son mari John qu’Ivar trouve échoué le lendemain au bord de l’océan, qu’il va charger inconscient sur sa jument et va soigner dans sa vieille maison en pierre.
John met longtemps à se rétablir et n’ose pas dire à son sauveur qu’il a été envoyé pour le chasser de ses terres au profit d’un riche propriétaire terrien. Il va petit à petit apprendre la langue d’Ivar et nouer avec lui une étrange et fragile amitié.
Ce court roman -salué l’an dernier à sa sortie aux États-Unis par un formidable accueil de la presse et de nombreux écrivains- n’a cessé d’infuser en moi: on n’oublie pas la beauté des trois personnages, la simplicité et la complexité des sentiments au fil d’une narration qui célèbre aussi la rudesse de la nature et des drames humains.
Il fera désormais pour moi partie de ces grands petits livres comme « L’ami retrouvé » , «Ethan Frome » ou « Inconnu à cette adresse ». Il faut lire ce livre âpre et troublant qui pourrait nous apparaître comme un conte. Il s’appuie en réalité, comme l’explique l’autrice dans une note en fin de livre sur les « Clearances », ces déplacements forcés de communautés entières de paysans pauvres chassés par de riches propriétaires terriens en Écosse pendant plus d’un siècle, du milieu du XVIIIe à la seconde moitié du XIXe.
Je vous laisse la surprise de découvrir comment se termine ce récit âpre et dense, une histoire d’amour et d’amitié portée par une langue simple et envoûtante.
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